Italie
En Italie, Montblanc exploite et licencie
Samedi 26 octobre, une trentaine de militant·es se sont rassemblé·es devant le magasin de la marque de luxe Montblanc de Genève lors de la Journée internationale en solidarité avec les travailleur·ses italien·nes.
Depuis des années, la marque Montblanc sous-traite sa production de maroquinerie à Prato dans la banlieue de Florence. Derrière des accessoires de luxe, vendus des milliers de francs, se cachent des conditions d’exploitation crasses. Travail au noir et journées de 12 heures 7 jours par semaine sont le quotidien d’ouvrier·ères, payé·es à peine 900 euros par mois.
En 2023, ces salarié·es ont adhéré au syndicat italien Sudd Cobas et sont parvenu·es à améliorer leurs conditions de travail. Montblanc a alors décidé de changer de sous-traitant, préférant un concurrent qui exploite ses employé·es, provoquant la fermeture des usines et la perte de leur emploi pour les ouvrier·ères du luxe de Prato. Ces dernier·ères continuent la lutte, réclamant leurs droits.
Cette lutte s’inscrit également dans la lignée du pillage des matières premières du Sud global et de l’accaparement des richesses par une petite minorité, souvent masculine et blanche. En effet, Montblanc appartient au groupe Richemont, fondé par le milliardaire sud-africain Johann Rupert, qui en est toujours l’actionnaire majoritaire. Sa fortune a été héritée de son père, au moment où celui-ci voulait échapper aux sanctions liées au régime d’apartheid.
Rupert possède une fortune estimée à 14 milliards de dollars et en 2023, il a touché plus de 200 millions de dividendes rien que pour ses actions chez Richemont, soit 18000 fois le salaire moyen des ouvrier·ères en lutte. Notons que son empire comprend également les 17 établissements Hirslanden de Suisse, mais aussi 25% de la branche sud-africaine de TotalEnergies.
Relent de répression fasciste
Durant le rassemblement, la section genevoise de l’ANPI (Associazione Nazionale Partigiani d’Italia) a dénoncé les attaques à coups de barre de fer dont ont été victimes les travailleur·ses, lors d’un piquet de grève. L’ANPI a rapproché cette attaque des heures les plus sombres du fascisme italien, alors que le gouvernement de Giorgia Meloni s’apprête à approuver un projet de loi qui réduit les droits syndicaux.
SolidaritéS a également pris la parole pour dénoncer des inégalités monstres, entre les un·es, riches possédant les moyens de production, et les autres, salarié·es exploité·es précaires. Derrière une réalité de violences antisyndicales, c’est aussi l’absurdité d’un système qui pousse des employé·es à se battre pour conserver des emplois consistant à produire des biens inutiles et polluants que nous avons voulu pointer du doigt.
Aude Martenot