Karin Keller Thatcher contre les universités


En septembre 2024, le Conseil fédéral annonçait un brutal «plan d’allègement des finances fédérales». Objectif: austérité. Focus sur l’annonce de hausse des taxes d’études dans un entretien avec Léa Ziegler, secrétaire de la section étudiante du Syndicat des services publics (SSP).

Étudiant·es de la HETS Genève en grève pour portester contre la hausse des taxes, 16 décembre 2024.
Étudiant·es de la HETS Genève en grève pour portester contre la hausse des taxes, 16 décembre 2024.

Ces hausses de taxes s’inscrivent dans un programme de démantèlement des services publics, méticuleusement orchestré par le Conseil fédéral, Karin Keller-Sutter en tête. Début 2024, un groupe d’expert·es a été chargé de réexaminer les tâches et les subventions de la Confédération pour redresser les finances fédérales.

Le rapport produit est un véritable carnage qui préconise 60 mesures pour réaliser une économie de 4 à 5 milliards à l’horizon 2030, en agissant sur les dépenses plutôt que sur les recettes. Tous les secteurs y passent, sauf l’armée évidemment

Ce train d’austérité qui, selon les autorités, devrait permettre d’économiser 2,7 milliards de francs en 2027 et 3,6 dès 2028, s’attaque de plein fouet à la formation et la recherche. Il réduit le taux de financement par la Confédération des universités cantonales et hautes écoles spécialisées, introduit une hausse de la contribution des utilisateur·icexs – par exemple par le biais de l’augmentation des taxes – et réduit les instruments d’encouragement et de subvention pour les projets ou pour la recherche. 

La Confédération compte réaliser une économie de 120 millions de francs par an sur le dos des personnes en formation, au moyen d’un doublement de la taxe d’études pour les étudiant·exs «indigènes» et d’un quadruplement pour les étudiant·exs «étranger·exs», dès 2027.

Ce que nous voulons, c’est une abolition totale des taxes d’études qui, contrairement à l’impôt, ne tiennent pas compte du revenu et épargnent les entreprises. Ce n’est un secret pour personne, les taxes cassent tout mécanisme de solidarité entre les différentes catégories de revenu et ne servent finalement que les intérêts des riches. Alors évidemment, notre syndicat, le SSP, est farouchement opposé à cette hausse et à la distinction xénophobe des étudiant·exs. 

En se désengageant pareillement du financement des Hautes Écoles cantonales, la Confédération rend l’accès à la formation encore plus inégalitaire qu’il ne l’était déjà. Et en introduisant des montants différenciés en fonction du statut des étudiant·exs, elle ne fait que renforcer les discriminations, la xénophobie et le racisme, en pointant particulièrement les élèves précaires. Ainsi, d’un côté, la Suisse divise les étudiant·exs entre elleux, comme elle le fait déjà entre les travailleur·sexs et de l’autre, elle continue d’importer de la main d’œuvre qualifiée, qu’elle n’a jamais eu à former. Pratique!

Cette augmentation brutale, massive et généralisée à toutes les Hautes Écoles de Suisse vient encore s’ajouter à la hausse du coût de la vie et à la baisse des salaires réels. La principale conséquence est que certain·exs étudiant·exs renoncent purement et simplement à leur formation pour des raisons économiques. Maintenant, l’enjeu principal est la mobilisation sur le terrain. Le SSP appelle donc tou·texs les étudiant·exs à s’organiser et à se coordonner pour construire un véritable rapport de force. Nous avons quelques mois devant nous pour jeter les bases de cette mobilisation.

La Section étudiante du SSP (vaudoise), mais aussi sa toute nouvelle Commission Jeunes (nationale), compte faire de cette thématique une lutte prioritaire ces prochains mois. Pour lancer la campagne, le SSP organise une séance le 20 février à 18h15 sur le campus de l’Unil (en salle 2224 de Géopolis). Aux étudiant·exs souhaitant s’informer et/ou participer concrètement, vous êtes chaleureusement invité·exs: contactez le syndicat pour vous y joindre!

L’objectif est naturellement d’atteindre le plus de lieux de formation possible et de mettre la pression, tant sur le plan cantonal que fédéral, en intégrant l’ensemble des personnes en formation et notamment celleux des HES qui seront très prochainement touchées par des hausses de taxes brutales, de 500 à 700 francs et de 500 à 1050 francs pour les étudiant·exs étranger·èrexs, y compris celleux ayant entamé leur cursus. 

En résumé, les attaques sur les personnes en formation se multiplient. Nous lançons un appel à l’organisation collective et syndicale pour les contrer! 

Propos recueillis par la rédaction