Maroc

Maroc : La pauvreté broyée par l'Etat

Dans un pays n’ayant connu que peu de mobilisations ces dernières années, un élan de révolte s’est produit suite au décès tragique d’un jeune rifain.

Le 28 octobre dernier, Mouhcine Fikri, rifain d’une trentaine d’années, a tenté de s’opposer à la saisie de sa marchandise par la police maritime en s’asseyant au milieu des poissons. Mais la benne à ordure s’est mise en marche, happant le jeune rifain. Cette mort horrible a indigné fortement la population marocaine. Plusieurs milliers de personnes sont ainsi descendues spontanément dans la rue pour demander que vérité soit faite et que les responsables soient punis. Ces manifestations sont les plus importantes survenues dans le pays depuis 2011.

Onze personnes ont depuis été arrêtées, parmi lesquelles des policiers et le responsable du port. Au-delà de ses circonstances, cette mort tragique éclaire surtout le caractère impitoyable du système marocain. Dans ce pays, l’état de droit reste une vague promesse et la population fait face à des abus de pouvoir quotidiens. La ville d’Al-Hoceima, où a eu lieu le drame, est marquée par cette tension entre promesse et réalité: d’un côté des nouveaux hôtels bâtis pour le tourisme ; de l’autre, un chômage massif, notamment parmi les jeunes qui tentent de survivre grâce à la pêche. Le drame de Mouhcine Fikri résonne donc avec le quotidien de nombreux rifains et marocains.

Pour autant, à l’heure actuelle, un scénario révolutionnaire reste peu probable, les manifestations évoquant rarement le changement de régime. Mais les promesses perpétuellement non tenues du régime et les miettes accordées à la population intensifient la guerre sociale en cours. Il faut appeler à la solidarité et applaudir le courage de ceux et celles qui s’opposent au régime et crient leur indignation.  PR