Comment relancer le mouvement pour le climat?

Face à cupidité et la nécessité d’accumuler des profits des multinationales, qui reportent une sortie des énergies fossile, la tâche des militant·es pour le climat est de construire un nouveau réseau de masse.

Des manifestants pour le climat couchés sur la route à côté d’une planète gonflable
Action d’Extinction Rebellion, Zurich, octobre 2021

«Nous devons abandonner la fantaisie de sortir du pétrole et du gaz» a déclaré récemment le dirigeant de la compagnie saoudienne Aramco Amin Nasser, au sommet annuel du pétrole à Houston. Cela a le mérite d’être clair. Le PDG de la multinationale ExxonMobil, Darren Woods a renchéri, en constatant qu’«on n’est pas sur le chemin d’avoir zéro émission d’ici 2050».

Finies les belles promesses et engagements déclarés durant les différentes COP. La pratique de toutes ces multinationales des énergies fossiles est d’ailleurs conséquente. Celles-ci augmentent leurs capacités d’extraction, d’exportation et d’investissent massifs dans de nouveaux gisements.

Bien entendu, le mensonge fait partie de la stratégie de tous ces groupes. Pourtant beaucoup de personnes avaient cru que le mouvement et les mobilisations climatiques avaient permis de modifier le comportement de ces compagnies. L’argument de l’urgence climatique n’allait-il pas enfin peser de tout son poids, grâce aux rapports du GIEC, aussi bien sur les responsables politiques qu’énergétiques?

La cupidité et l’accumulation croissante de profits n’ont aucune limite dans une économie capitaliste. Toutes les mises en garde sur la destruction de la planète et des conditions de vie de la majorité de ses habitant·es restent en définitive lettre morte. Priorité aux dividendes.

Face au capital et à son cynisme, seuls les rapports de force peuvent modifier le cours de l’histoire. Exiger un développement durable de nos ressources naturelles est incompatible avec la logique du profit. La régulation dans le cadre capitaliste est une illusion. Le contrôle total des robinets des puits et des pipeline est une condition indispensable pour définir une décroissance de type écosocialiste.

Aussi, il ne suffit pas de dénoncer. Pour convaincre, pour disposer d’un outil politique, pour construire un nouveau mouvement de masse, dépassant celui de 2018 dans le nombre et la durée, pour affronter les rois du pétrole et du gaz, et leurs alliés, il est indispensable d’affirmer et stimuler une nouvelle orientation. Utopique? La pire illusion serait de continuer à croire qu’il est possible de réguler ce secteur, de convaincre ses dirigeant·es que «c’est dans leur intérêt» d’adopter la transition énergétique. Comme si les capitalistes ne connaissaient pas leurs intérêts depuis longtemps!

Ces compagnies toutes puissantes et richissimes méritent de disparaître, pour annihiler leur immense pouvoir de nuisance. La confiscation de leurs avoirs se justifie aussi par la réparation de tous les dégâts actuels et futurs de leurs activités.

Une fois évoqué cet horizon anticapitaliste, la tâche des militant·es est de construire un nouveau réseau de masse, présent à tous les niveaux de la socitété. Jusqu’ici la stratégie de quelques groupes très minoritaires a montré toutes ses limites, et ne s’inscrivait pas dans la construction d’un mouvement de masse. 

Les avertissements sur l’urgence ont déjà été nombreux, adressés aux pouvoirs politiques et économiques. Désormais, c’est à une autre échelle militante qu’il faut penser la lutte climatique. Le nombre et la lucidité doivent s’imposer dans la société. Nous restons optimistes sur la possibilité d’un changement political radical. Autant s’en donner les moyens.

José Sanchez