Stop au vol organisé! pas un sou de plus pour la LPP!
La victoire historique de la 13e rente AVS n’a pas refroidi les tenant·es d’une prévoyance retraite toujours plus soumise aux règles du marché et à la discrétion des assureurs et des fonds de pension qui se gavent sur les cotisations versées par les employé·es.
À ce jour, les assureurs, banquiers, experts, actuaires et autres acteurs de la prévoyance vieillesse (LPP) prélèvent chaque année plus de 8 milliards de francs sur les cotisations versées par les employés·es. Les frais de gestion ont doublé en 10 ans. Avec la réforme de la LPP soumise au vote le 22 septembre, on ne touche pas au génie prédateur de cette clique. Pire, on leur offre même une augmentation de l’assiette de perception afin de leur assurer des bénéfices indus confortables. Il est à peine imaginable de constater qu’à ce jour, chaque assuré·e verse plus de 1400 francs de frais administratifs par an.
Les retraité·es touchent aujourd’hui en moyenne 300 francs de moins par mois qu’il y a 15 ans. La réforme proposée par les chambres fédérales – dans les faits par les assureurs et leurs Conseiller·es aux États et nationaux·ales – consiste à nouveau à attaquer les rentes en abaissant le taux de conversion de 6,8% à 6%.
Cela signifie une baisse des rentes de deuxième pilier pour les salaires à partir de 4000 francs, comme l’Union syndicale suisse vient de le calculer. Les rentes, selon les cas de figure, pourraient baisser de 3200 francs par année. En parallèle, les cotisations des assuré·es augmenteraient considérablement, jusqu’à 2400 francs annuels.
Pour les femmes, cette réforme est une tromperie. Loin des promesses de compensation répétées jusqu’à la lie par la droite victorieuse lors de la réforme AVS21 qui a conduit à l’augmentation de l’âge de référence des femmes à 65 ans, aucune mesure sérieuse n’a été insérée dans ce projet de réforme. Seules des cacahuètes sont proposées, et qui auront en plus des effets pervers sur l’emploi des femmes précarisées; notamment dans les secteurs du nettoyage, de la coiffure, etc.
En effet, l’abaissement du seuil d’accès à la LPP prévu par la réforme pourrait apparaître au premier abord comme une mesure sociale qui conduirait plus de femmes à bas salaire et à temps partiel à cotiser pour leur retraite. En réalité, l’organisation du travail dans ces secteurs d’activité a été orientée par la volonté des employeurs de ne pas verser de cotisation LPP en proposant avec soin des contrats en deçà de la limite actuelle de 22050 francs de salaire annuel. En abaissant la limite de ce seuil, on risque de voir une pression accrue de ces employeurs vers des temps partiels à des taux encore plus faibles.
Aucun mécanisme n’est prévu dans la LPP pour compenser l’inflation. L’augmentation des différentes charges paupérisent un nombre important de retraité·es, qui pour certain·es doivent demander des prestations complémentaires et autres aides pour survivre. Dans cette situation, une perte supplémentaire de la valeur des rentes est inacceptable.
Il faut s’opposer à cette réforme car une solution viable et immédiate existe: la fusion du 1er et 2e pilier dans une assurance vieillesse unique. Au lieu d’augmenter encore les bénéfices des acteurs financiers de ce pays, battons-nous pour l’institution d’une assurance unique, populaire, sur un modèle de répartition et non de capitalisation individuelle.
Solenn Ochsner