Un premier pas vers des retraites solidaires
Ces dernières années, la droite a réussi à empêcher le renforcement de l’AVS – avec l’échec de l’initiative AVSplus en 2016 – et même à réduire sa couverture, en augmentant l’âge de départ à la retraite des femmes – avec la réforme AVS 21 en 2022. Mais cette offensive funeste contre l’assurance sociale ayant pour mandat d’assurer un niveau de vie digne aux retraité·es a pris fin ce 3 mars 2024, avec la victoire de l’initiative pour une 13e rente.
Le camp bourgeois n’a pas manqué d’audace durant la campagne, en prétendant que la solution à la pauvreté des séniors devait passer par les prestations complémentaires, alors qu’il a lui-même rendu ce système extrêmement difficile d’accès. Son autre argument phare était la dénonciation d’une prétendue «politique arrosoir», arguant que la 13e rentre bénéficierait aux plus aisé·es.
Gagner et avoir donné tort à cet argument est d’autant plus réjouissant qu’il véhiculait des idées fausses sur les conséquences d’un service public ou d’une assurance redistributive, que subiraient la classe moyenne, alors que seuls les plus riches ne bénéficiraient pas de tels mécanismes.
Le 3 mars 2024, la gauche a démontré sa capacité à imposer une dynamique allant vers un renforcement de l’AVS.
Pourtant, celui-ci représente moins une amélioration réelle qu’un frein à la détérioration des rentes de nos retraité·es. Cette 13e rente ne permet que de conserver le niveau de vie de ses bénéficiaires face à l’inflation. Il est donc primordial de ne rien céder et de continuer à nous battre pour un système véritablement et pleinement redistributif.
Cette 13e rente ne modifie pas le fonctionnement dit «par piliers» de notre système de retraite, qui ressemble plutôt à une pyramide, en bas de laquelle reste la majorité des retraité·es, tandis qu’une minorité se trouve à son sommet et bénéfice de rentes gigantesques versées par le 2e et le 3e pillier.
Ce fonctionnement est antisocial. Il défavorise les petits salaires et les temps partiels, soit, dans les faits, les femmes. La LPP et le 3e pilier reposent sur la capitalisation individuelle générant des sommes qui sont investies dans des industries ayant des pratiques écocidaires.
Or, la prochaine bataille consistera à s’opposer à la réforme LPP 21, qui prévoit de réduire les rentes du 2e pilier, alors même que leur niveau est déja bas pour une grande partie des retraité·es. Dans ce contexte, nous entendons poursuivre notre engagement pour l’intégration progressive du deuxième pilier au premier et permettre ainsi à l’AVS de remplir son mandat, assurer un niveau de vie digne une fois à la retraite.
Un nombre remarquable de Suisse·sses se sont rendu·es aux urnes pour voter le refus de l’augmentation de l’âge de la retraite et pour qu’une 13e rente soit accordée aux bénéficiaires de l’AVS. Le financement de la 13e rente doit être assumé par les plus riches, en passant par une augmentation légère du taux de cotisation ou par les impôts, plutôt que par l’augmentation de la TVA.
Si les personnes du bas de la pyramide continuent à se mobiliser pour abolir ce système inégalitaire, nous parviendrons à imposer à la droite un système de retraite redistributif et social.
Clara Brambilla