Danemark
Palestine
Israël
Couper les ponts avec le Génocide
Du 21 au 26 février, un millier de militant·es de toute l’Europe se sont retrouvé·es à Copenhague pour s’opposer aux livraisons d’armes à Israël par l’armateur Maersk. Nous avons, à cette occasion, interviewé nos camarades du SUF qui militent au sein du mouvement Palestine danois.

En quelques mots, qu’est-ce que le SUF?
SUF est l’acronyme de Front Socialiste de la Jeunesse (Socialistisk Ungdomsfront), nous sommes une organisation politique révolutionnaire indépendante des partis parlementaires, même si nous collaborons avec l’Alliance Rouge Verte présente au Parlement Danois. Le SUF s’est constitué comme une alliance de jeunesse révolutionnaire large composée de différentes tendances politiques.
La jeunesse trotskiste en fait partie et c’est pour cela que nous sommes présent·es chaque année aux Rencontres internationales de Jeunes de la 4e Internationale aux côtés de solidaritéS. Au Danemark, nos groupes locaux s’impliquent dans différentes campagnes, notamment dans les mobilisations pour la libération de la Palestine.
Quelle est la situation du mouvement Palestine au Danemark?
C’est un mouvement de solidarité internationale très actif: le plus gros depuis des années. Le mouvement est très implanté dans la population, énormément de personnes le soutiennent et apportent de l’aide logistique. Ce n’est vraiment pas quelque chose de superficiel. Les mois passent et le mouvement se renforce.
Notre répertoire d’action va des manifestations aux occupations d’université, comme dans beaucoup de pays d’Europe au printemps dernier, notamment avec l’installation du Jardin de Rafah à l’université de Copenhague, ou encore avec les blocages d’usines du fabricant d’armes Terma, dans la veine des actions Shut Elbit Down.
Vos actions sont dirigées contre l’armateur Maersk, pourquoi?
Maersk est non seulement la plus grosse entreprise du Danemark en chiffre d’affaires, mais aussi l’un des plus gros armateurs au monde. Depuis le début de la guerre génocidaire à Gaza, Maersk livre une partie des armes des États-Unis à Israël. C’est cette complicité active que nous avons dénoncée durant notre «camp» d’action Cut Ties with Genocide.
Concrètement, en quoi a consisté le «camp»?
Nous avons rassemblé un millier de militant·es dont beaucoup de camarades internationaux sur six jours, dans plusieurs lieux communautaires de Copenhague. Des ateliers étaient organisés avec des mouvements ultra-inspirants tel que «Shut Elbit Down» (Allemagne et Suède), des camarades d’organisations palestiniennes internationales comme le Palestinian Youth Movement et le International Solidarity Movement ou encore avec des docker·euses du CALP (Collectif Autonome des Travailleur·euses Portuaires) ayant organisé le blocage du port de Gênes.
Et comme il s’agissait d’un camp d’action, nous avons aussi organisé le blocage du siège de Maersk le lundi.
Êtes-vous satisfait·es de l’action et de son impact? Qu’en retenez-vous?
L’organisation d’une grande action de désobéissance civile de ce type était une première pour nous. Ce sont des techniques qui viennent des mouvements climatiques comme Ende Gelände (Allemagne) ou Code Rood (Pays-Bas) et ça a été un grand succès. Il a été facile de déborder les forces de police et le drapeau palestinien et des banderoles ont été déployées sur le bâtiment.
Beaucoup de médias publics ont relayé l’action, ce qui est relativement rare, et les raisons de notre opposition à Maersk ont été bien expliquées.
Le point noir au tableau, c’est vraiment la violence de la répression. Aux alentours de midi, après quatre heures d’action dans le calme, la police s’est soudainement montrée très violente. La place sur laquelle nous étions a été inondée de gaz au poivre et de lacrymogène. La police nous a frappé à coup de matraque et les chiens ont été lâchés. Il y a eu beaucoup de blessé·es et des camarades ont été arrêté·es dans le chaos…
Au Danemark, ce niveau de violence policière est rare. La dernière répression de cette ampleur a eu lieu en 2019 à l’occasion d’une action de protestation devant l’ambassade d’Israël…
Comment vous voyez la suite?
Malgré la violence de la police, nous ressortons plus fort·es et déterminé·es de cette expérience militante. Nous avons confiance en nous. Le travail fourmis pour construire le mouvement en mariant les actions directes, le partage de compétences avec les camarades à l’international et le travail communautaire ; c’est ça qui fait notre force!
Propos recueillis et traduits par Paul Castelain