Ville de Neuchâtel, enfin… Le Conseil communal pose les plaques…

Ville de Neuchâtel, enfin… Le Conseil communal pose les plaques…


En février 2002, nous relevions la propension de certains milieux à «cirer les pompes» de l’aristocratie locale, ou plutôt de ce qu’il en reste: ainsi la famille de Chambrier, qui a fourni un diplomate au roi de Prusse (1814/1815), et un président au Conseil d’Etat royaliste (1831-1848)1. En effet, une «fondation pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine historique de Neuchâtel» – formée de municipaux retraités – inaugurait une plaque commémorative pour les deux Messieurs de Chambrier2.


Or, en août 2000, l’exécutif (en activité) de la ville de Neuchâtel avait accepté de poser des plaques pour deux personnalités, d’une autre opinion, Constant Meuron et Georges-Henri Pointet3. Mais en février 2002, rien n’était fait…


Suite au désintérêt de cette fondation pour Meuron et Pointet, les conseiller/es généraux POP/ECO/SOL ont interpellé l’exécutif4 sur:



  • les compétences de la Fondation et du Conseil communal;

  • l’application des décisions en faveur de personnalités d’avant-garde et non pas de notables de l’ancien régime;

  • «l’article de la 1ère constitution républicaine (…), selon lequel la République neuchâteloise ne reconnaît ni privilèges, ni titres de noblesse».


Interpellation utile, doublée d’une passe d’armes dans la presse.5 En août 2002, l’exécutif communal a fait poser deux plaques commémoratives, l’une au domicile connu de Constant Meuron en 1831, l’autre à la maison natale de Georges-Henri Pointet.


Si l’importance de l’histoire est parfois sous-estimée 6, la «bonne société neuchâteloise» sait occuper le terrain (cf. film d’André Vallana, «Le dernier roi de Suisse»)7. Une vulgate – relayée dans les discours officiels du 1er mars – attribue le succès de la prise d’armes républicaine du 1er mars 1848 au bon vouloir des royalistes, alors que ceux-ci se sont inclinés devant un rapport de forces défavorable8.


Le conseiller communal Pierre Bonhôte estimait que «le fait que la République puisse honorer des notables de l’ancien régime était symptomatique du fait que les tensions s’étaient quelque peu apaisées après 154 ans»9. Nous partageons plutôt l’avis du regretté Daniel Guérin (1904-1988) affirmant à propos de la Révolution française10 que «l’odeur de la poudre met des siècles à se dissiper». Même en terre neuchâteloise…


Hans-Peter RENK



  1. Les chambriers de l’aristocratie neuchâteloise, solidaritéS, N°4 (20.2.2002)

  2. L’Express/FAN, 7.2.2002, sur cette intéressante cérémonie.

  3. Jean Liniger, Georges-Henri Pointet: vie, textes et œuvres. Nyon: Impr. de la Côte, 1967; «Conseil général: vieille question d’histoire», solidaritéS-infos (NE), N°24 (oct. 2000)

  4. PV du Conseil général de la ville de Neuchâtel, 29e séance, 4.11.02

  5. Dossier de presse disponible auprès de hp.renk@bluewin.ch

  6. M. Vuilleumier, «A propos des commémorations de 1848», solidaritéS-infos (NE), N°15 (oct. 2002).

  7. Film sur Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse et dernier prince de Neuchâtel.

  8. solidaritéS-infos (NE) No 12: 150e anniversaire de la République, avec des textes de Friedrich Engels et de James Guillaume.

  9. Procès-verbaux…

  10. Auteur de «La lutte de classes sous la Première République: 1793-1797» (Paris, Gallimard, 1968).