Non à l’initiative « de limitation » de l’UDC 

Bas les masques !

Parmi les objets de votation du 27 septembre, l’initiative « de limitation » de l’UDC fait, une fois encore, des immigré·e·s les responsables de tous les maux. Elle ne vise en fait qu’à diviser les travailleurs·euses et à remettre en question leurs droits fondamentaux.

Sous le prétexte fallacieux de vouloir protéger les travailleurs·euses locaux·ales, l’UDC s’en prend une fois de plus aux travailleurs·euses étrangers·ères. En réalité son initiative « Pour une immigration modérée » (dite de limitation) ne vise pas à empêcher les travailleurs·euses étrangers·ères de venir travailler en Suisse. En mettant fin à la libre circulation des personnes, cette initiative veut simplement dégrader leurs conditions de séjour dans notre pays et mettre à mal leurs droits sociaux. Ce qu’elle se garde bien d’avouer, c’est qu’en attentant aux droits des travailleurs·euses étrangers·ères, ce sont les droits de l’ensemble des salarié·e·s qu’elle remet en question, ainsi que leur capacité de lutte individuelle et collective contre les attaques patronales.

La fin de la libre circulation entraînera la disparition des mesures d’accompagnement. Sans sacraliser ces mesures, dont nous avons dès l’origine condamné les faiblesses, il faut les considérer pour ce qu’elles sont : des dispositions qui permettent, à tout le moins, d’étendre les conventions collectives de travail de manière facilitée ou d’édicter des salaires minimaux en cas de sous–enchère abusive et répétée, d’instaurer des contrôles dans les entreprises et de sanctionner les employeurs·euses fautif·ve·s.

Au service du patronat

En examinant les conséquences de cette initiative au titre trompeur, il n’y a pas longtemps à réfléchir pour comprendre quels intérêts sert l’UDC. Empêcher l’établissement de conventions collectives (CCT), favoriser la sous-enchère salariale, abolir tous les remparts à l’exploitation des travailleurs et travailleuses qu’ils·elles soient suisses ou immigré·e·s, résident·e·s ou frontalier·ère·s. 

Bas les masques ! c’est bien au service du patronat et du capital que l’UDC méfait.

Avec la suppression de la libre circulation, ce que cherche à faire l’UDC, c’est réintroduire les contingents. Ce qu’elle veut ce sont des bras, pas des êtres humains ! Tout comme l’évoquait déjà ce titre d’un reportage évoquant le statut des saisonniers·ères de la RTS en 1970 : « Braccia si, uomini no » (des bras oui, des hommes non). C’est bien le retour de cette privation de droits que tente d’obtenir l’UDC.

Déréguler et libéraliser

Lors du lancement de son initiative le 30 janvier 2018, l’UDC se plaignait de la « forte régulation du marché du travail provoquée par les mesures d’accompagnement ». Un aveu qui annonçait clairement ses objectifs : déréguler et libéraliser le marché du travail. Favoriser le retour d’une catégorie de travailleurs·euses corvéables à merci ! 

L’UDC diabolise les travailleurs·euses immigré·e·s. Elle les rend responsables de toutes les difficultés auxquelles l’ensemble des travailleurs·euses sont confronté·e·s. La ficelle est grosse, mais elle trouve trop souvent en situation de crise un terrain malheureusement propice. Or, en matière de crise, la profonde récession sur les plans économique et social à laquelle nous allons être confronté·e·s commande impérativement de ne pas être dupes de la démagogie de l’UDC et de rester uni·e·s pour faire face à la crise. 

La vraie réponse des travailleurs·euses doit effectivement rester l’union et la défense de leurs droits. L’initiative des syndicats genevois pour un salaire minimum de 23 francs de l’heure, également votée le 27 septembre, va dans ce sens. La sous-enchère salariale et la précarité du statut des salarié·e·s sont les fers de lance de l’exploitation. Leur barrer la route est une nécessité première.

L’initiative de l’UDC ne résoudra aucun des problèmes dont elle rend les travailleurs·euses immigré·e·s responsables – chômage, crise du logement, dégradation des assurances sociales, etc. – car ils·elles n’en sont pas à l’origine. Ce sont avant tout le patronat, les milieux immobiliers et les affairistes de tous calibres qui, plaçant la logique du profit au-dessus de tout, exacerbent la crise économique et sociale et pratiquent la politique de la terre brûlée. Tout cela en se reposant sur l’État, eux les pseudo-tenants du moins d’État, pour pallier à leur voracité, à leur inconséquence. 

L’initiative de l‘UDC exploite la xénophobie. Elle trompe les électeurs et électrices en leur faisant croire qu’elle veut protéger les travailleurs·euses locaux·ales, alors qu’en réalité elle ne vise qu’à déréguler le marché du travail et à affaiblir les droits de tou·te·s les travailleurs·euses. À cela une seule réponse s’impose : dire non à cette initiative.  

Jocelyne Haller

Masque clown