votations - 15 mai 2022
Frontex viole les droits humains : la Suisse est désormais complice
C’est avec consternation que solidaritéS a pris connaissance de l’acceptation à Genève avec plus de 63% de l’augmentation financière de la participation de la Suisse à Frontex. Les arguments mensongers d’une droite xénophobe auront malheureusement fait pencher la balance et ce, alors même que d’autres pays européens retirent leur soutien à Frontex. Faire croire qu’un NON aurait engendré une sortie de l’espace Schengen est faux, de même que de prétendre que Frontex aide les migrant.e.s.
Les violations des droits humains condamnées par Amnesty ne vont pas diminuer avec un budget augmenté. Cet argument est absurde et démontre la politique migratoire de fermeture de l’Europe qui tend de plus en plus à se barricader derrière des barbelés plutôt que de construire une politique d’accueil digne et respectueuse des personnes. Dans cette optique, les grandes organisations comme Amnesty qui n’ont pas pris position au sujet de cette votation devront répondre de leur incohérence.
Frontex est la pièce maîtresse d’une politique d’asile européenne brutale et meurtrière, qui militarise les frontières et cherche à repousser les migrant.e.s toujours plus loin. L’UE intervient d’ailleurs souvent dans la gestion des frontières sud des pays limitrophes de l’Europe (Lybie, Turquie, etc.), afin d’augmenter les barrières d’accès à son territoire. Un procédé qui ne fait qu’accroître les violences que subissent les migrant.e.s dans ces territoires (séquestrations, torture, viols, etc.), largement décriées par la presse internationale. De plus ces pratiques repoussent de fait les migrants dans les filets des mafias locales et alimentent les réseaux de passeurs inhumains. En Suisse également, Frontex est actif mais de manière uniquement dans un but policier en organisant les «vols spéciaux» pour renvoyer de force des migrant.e.s entravé.e.s et menotté.e.s, au mépris de leur santé et du devoir d’hospitalité dû aux personnes contrainte à l’exil.
Interdire l’accès à son territoire et criminaliser les personnes en exil n’a qu’une conséquence: rendre les routes de la migration de moins en moins sûres, de plus en plus meurtrières. Frontex est le reflet d’une Europe forteresse dont nous ne voulons pas !
Or, aujourd’hui, l’acceptation de cette augmentation de 14 à 61 millions et de la dotation en personnel de Frontex par la Suisse se fait sans aucune revendication quant à un contrôle démocratique du respect des millions droits humains par cette agence. Le Conseil fédéral va devoir répondre de la complicité de la Suisse dans les transgressions des droits fondamentaux subis par les migrant.e.s!
Pour rappel, plusieurs enquêtes menées par des instances externes, portant à la fois sur les violations des droits humains et sur la gestion de Frontex, ont amené le Parlement européen à geler une partie de son budget. Dans ces circonstances, la Suisse aurait dû agir de même ! Refuser de donner un blanc-seing à cette armée aurait permis d’ouvrir la réflexion sur la gestion de l’asile. Et la vague migratoire ukrainienne à laquelle la Suisse fait face actuellement le démontre: une politique d’accueil digne est possible.
Réforme CO22 refusée : exigeons une école qui doit intégrer avant tout!
Le refus de la réforme du Cycle d’orientation CO22 à une très courte majorité constitue un très mauvais signal pour tou.te.s les partisan.ne.s d’une école qui devrait permettre à tou.te.s les élèves de progresser à leur propre rythme, en étant intégré dans un groupe. Ce projet s’est heurté au refus de la population, notamment parce que la réforme s’est élaborée sans les enseignant.e.s, que son application concrète et les moyens à disposition étaient flous. L’échec de cette loi exprime également un signe de défiance à l’égard de la politique de A. Emery Torracinta, qui se trouve être peu en lien avec les enseignant.e.s et les élèves.
Il est malheureux que cela débouche sur un refus d’une école qui avait pour ambition de ne pas séparer mais de rassembler. En réalité la droite craignait un mélange entre élèves des différentes classes sociales, qu’elle masquait derrière l’argument fallacieux d’un nivellement par le bas. Il faudra désormais se battre pour une réforme élaborée avec tous les milieux concernés et qui réduise la ségrégation sociale à l’école.
Dons d’organe : oui au consentement présumé
Accepté à 78 % c’est un soulagement pour les personnes en attente d’une greffe, actuelle et future. Cette proposition, faite en modifiant partiellement la loi fédérale, permet d’introduire le consentement présumé pour le don d’organe, qui va permettre de sauver des vies.
Loi Netflix : enfin un début de redistribution est possible !
Ce projet de loi émerge dans une reconfiguration du mode de consommation de l’audiovisuel dans le monde entier par le biais de plateforme (dépeuplement salle cinéma, effondrement du support physique). Ces mastodontes que sont Netflix, Amazon Prime, Disney etc. sont présents sur tous les continents et participent à une uniformisation des contenus multimédia tout en profitant un maximum de systèmes complexes d’optimisations fiscale. C’est donc une bonne nouvelle que ce résultat de votation permette une redistribution directe aux acteurs et actrices culturelles locales d’une part infime des gains de ce mastodonte.