VOTATIONS DU 13 février 2022

Objets cantonaux :

LOI LOGEMENT

C’est une déception majeure, qui aura des conséquences terribles pour la population précaire genevoise, que le résultat du scrutin de ce dimanche 13 février, puisque c’est avec 50,69% que les votant.es genevois.es acceptent le durcissement de l’accès au logement social subventionné.

Le logement social, dans une ville toujours plus livrée à la spéculation immobilière, est le seul moyen pour accéder à un logement digne pour tout un pan de la population ayant un revenu limité. A l’heure actuelle, plus de 8 000 personnes sont inscrites sur les listes d’attentes. En acceptant cette loi, la population genevoise fait le jeu d’une droite à la solde des investisseurs privé qui ne cherche qu’à maximiser leurs profits sur le dos d’une population toujours plus mal et chèrement logée. Une droite xénophobe décomplexée et sans scrupule qui n’a cessé d’avancer des arguments trompeurs durant la campagne, prétendant à tort faire une faveur aux genevois.es, alors qu’elle ne vise qu’à dissimuler la demande de logements à loyer modéré en rendant l’accès à ceux-ci plus difficile afin de créer une diminution artificielle du nombre de demandeurs et demandeuses de logements sociaux.

Ce n’est pas en faisant passer de deux à quatre ans le délai d’attente avant de pouvoir être inscrit.es sur une liste pour accéder à un logement social, que la demande va chuter. La crise du logement est là et cette loi n’apportera aucune solution !

Les mêmes partis qui soutiennent cette loi défendent aussi l’absence de politique de logement digne de ce nom, qui garantirait à toutes et tous les habitant.es de se loger décemment. Pourtant, ils ont osé user d’arguments fallacieux pour opposer les plus précaires aux classes moyennes !

Le problème n’est pas le temps de résidence sur le canton mais l’absence de régulation du marché du logement qui permet aux spéculateur.ices de continuer à s’enrichir tandis que les pauvres ne peuvent se loger.

Il faut une réforme du système de logement avec un plus grand contrôle de l’Etat, la fin de la spéculation immobilière et des nouveaux projets immobiliers adaptés pour tous et toutes. Le logement est un droit fondamental, pas une marchandise !

Nous continuerons à le revendiquer comme tel que ce soit dans la rue ou dans les parlements !

Développement des réseaux thermiques structurants

Le fait que plus de 79 % de la population plébiscite le développement et l’amélioration des réseaux thermiques structurant démontre que la population prend conscience de l’importance d’augmenter la part des énergies renouvelables et de sortir des énergies fossiles.

Cette transition ne peut plus attendre et la création d’un monopole public ainsi qu’une coordination de l’ensemble du réseau cantonal semble la meilleure des options pour valoriser et développer au mieux les énergies renouvelables locales par le biais des réseaux thermiques structurants.

C’est un premier pas dans la bonne direction même s’il est hautement insuffisant en vue de l’urgence climatique. Nous espérons que les autorités prendront au sérieux le signal envoyé par la population avec ce résultat : nous les appelons à réagir et à prendre des mesures fortes.

Nous n’avons plus le temps d’attendre, il faut des actions immédiates en faveur du climat, nos vies en dépendent !

Objets fédéraux:

Loi sur les droits de timbre

C’est un refus net de la part des votant.es, à plus de 61,16%, contre un énième privilège fiscal fiscal à l’égards des nantis.

Les droits de timbre ont été introduits en Suisse il y a plus de cent ans à la suite d’une votation. Ils sont au nombre de trois : celui de négociation (achat et vente de papiers-valeurs), celui sur les primes de certaines assurances et celui d’émission (d’actions ou de parts sociales d’entreprises). C’est l’abolition de ce dernier qui a été refusé par la population ce dimanche.

L’enjeu de cette votation ne se résume de loin pas aux 250 millions de recettes fiscales dont auraient été privées les caisses publiques. En effet, il s’agit d’enrayer une offensive beaucoup plus large de la droite économique qui vise à réduire encore davantage la charge fiscale payée par les plus riches.

Actuellement, le droit de timbre d’émission sur le capital propre est de 1 %, taux qui, selon Hans-Rudolf Merz, ancien conseiller fédéral pourtant bien de droite, « est à peine sensible pour les personnes concernées » et rapporte pourtant autour de 250 millions de francs par an aux caisses de l’État. Sa suppression aurait réduit encore la participation des sociétés financières et des grandes entreprises à la collectivité, elles qui ne paient ni impôt sur les gains en capital ni TVA sur les transactions financières. Sans parler des niches fiscales obtenues avec la RFFA. Inutile de préciser que cette perte pour l’État aurait été compensée soit par une augmentation des taxes sur les petits revenus, soit par une baisse des prestations sociales. 

Ce succès en votation est donc un soulagement mais également une première victoire d’étape contre cette offensive néo-libérale toujours plus frontale à l’égard des classes les moins aisées.

La sortie d’une pandémie qui a révélé la faiblesse du système de santé, qui a creusé les inégalités sociales et qui a dévoilé une partie des défis climatiques qui nous attendent ne pourra pas se faire sans un changement de système. Cette politique de cadeaux fiscaux aux plus riches au détriment du bien commun est inacceptable et doit être systématiquement combattue !

Cette politique fiscale prônée par la droite démontre un mépris des classes dirigeantes à l’égard de la population. Nous devons exiger la justice fiscale au bénéfice du plus grand nombre !

Interdiction de l’expérimentation animale et humaine

La population a majoritairement refusé, sans grande surprise, cette initiative. Et s’il est vrai que l’initiative particulièrement jusqu’au-boutiste ne laisse que très peu de place au traditionnel compromis helvétique, il serait contre-productif de simplement balayer de la main un texte qui, si on se réfère aux résultats des précédentes votations, représente l’avis d’environ un tiers de la population.

Si l’initiative n’est pas satisfaisante telle qu’elle est formulée, sa radicalité a le mérite de ramener au centre du débat la question animale et de questionner profondément le rapport que l’on entretient avec le monde animal. Et le texte amène des questionnements essentiels à ce propos et permet de réfléchir à comment sortir du modèle actuel.

Il offrira peut-être une nouvelle poussée nécessaire pour rediriger le système vers le développement de nouveaux modèles.

La Suisse devrait profiter de l’excellence de sa recherche fondamentale pour développer de nouvelles alternatives : les récents développements de la culture cellulaire 3D permettront à terme de remplacer une partie non négligeable des animaux utilisés en laboratoire. N’abandonnons pas ces découvertes à l’industrie pharmaceutique qui cherche désespérément à redorer son blason entaché par une liste de scandales interminable.

C’est pourtant la situation qui se profile à l’horizon avec de nouveaux modèles tels que les organoïdes, une technique dérivée de la culture cellulaire 3D, et les organes sur puces, des modèles de bio-ingénierie imitants le fonctionnement de notre corps, actuellement en développement dans les plus grandes firmes. 

Le domaine public risque de se retrouver de plus en plus enchaîné entre les demandes légitimes de la population qui veut réduire l’expérimentation animale et un domaine privé qui imposera des prix forts par son monopole sur ces nouveaux modèles. La recherche académique suisse a les moyens et les connaissances nécessaires pour diminuer son recours à l’expérimentation animale de manière autonome, exigeons-le !