Derrière l’arbre de Mancy, la forêt d’un système dysfonctionnel 

PRISE DE POSITION DU GT SANTÉ-SOCIAL OMP DE SOLIDARITÉS

Ces dernières semaines, les médias ont fait état de plusieurs “affaires” concernant des institutions placées sous la responsabilité du DIP dont celle, emblématique, du foyer de Mancy. Le dévoilement médiatique de la violence dont sont victimes à la fois les résident.e.s. et le personnel n’est pas à considérer comme un cas isolé sordide, mais bien comme le produit de dysfonctionnements au sein de l’Office médico-pédagogique (OMP). 

La fragilité des institutions sociales et médico-sociales ne date pas d’hier. Depuis des années, les salarié.e.s ainsi que les personnes concernées et leurs familles demandent davantage de moyens et des vrais choix politiques s’agissant d’enfants et de jeunes à besoins spécifiques.  

L’OMP n’est d’ailleurs pas la seule institution à souffrir d’un manque de projet politique doublé d’un manque de moyens. Les articles parus dernièrement sur Clair-Bois, l’Agapée, les EPI ou encore certaines écoles spécialisées montrent que le problème est général. Le déploiement de la nouvelle gestion publique qui se concentre, comme l’indique son nom, sur la gestion et non sur le projet politique, a des effets délétères sur le fonctionnement interne des structures d’accueil par le biais d’une activité permanente d’évaluation des prestations et de surveillance budgétaire “par le haut”, en totale déconnection du terrain. 

A cela s’ajoute le manque de places d’accueil qui conduit à ouvrir des lieux en urgence, entassant des jeunes dans des espaces inadaptés et un personnel d’encadrement qui doit “faire avec”. Ainsi, la violence institutionnelle s’installe durablement dans certaines structures, engendrant un turn-over important et un manque de personnel qualifié. 

A l’OMP, l’expertise de terrain du personnel mais aussi les besoins et critiques des usagers et usagères sont systématiquement laissés de côté et, lorsqu’une crise est déclenchée, toujours trop tard, la seule réponse donnée prend la forme d’une mise à l’écart d’un.e cadre, selon l’ancestrale méthode du fusible. L’actuel projet de rééquilibrage entre le pôle médical et le pôle pédagogique est voué à l’échec: ce projet n’a bénéficié d’aucun pilotage ni de moyens adaptés, le condamnant à être à la fois incompris et inefficace. 

Il ne sert à rien de lancer des appels à la démission, de faire sauter des fusibles ou de se lamenter dans les médias face à la situation après avoir voté des budgets d’austérité année après année. Il est temps d’accorder les moyens nécessaires à un véritable accueil de qualitéCes moyens doivent notamment financer, outre l’engagement de personnel qualifié, les formations nécessaires à l’accueil de publics spécifiques, du temps de supervisions/intervisions indispensable afin d’éviter des initiatives individuelles malheureuses, ainsi que la revalorisation salariale des professionnel.le.s de terrain.

Enfin, ces évènements doivent également nous amener à réfléchir à l’augmentation importante des difficultés psychiques de la population, jeune et moins jeune. Les changements sociologiques, le durcissement des exigences de rentabilité et la pression exercée sur les individus génèrent une souffrance qui réclame un débat plus vaste. 

Aussi, le groupe de travail Social-Santé de SolidaritéS soutient la demande de protection votée par les salarié.e.s afin de ne plus être, provisoirement, sous la tutelle du DIP.  

Nous demandons, par ailleurs, la tenue d’assises médico-pédagogiques afin de redéfinir un projet politique conçu et porté par celles et ceux qui sont sur le terrain. 

Nous demandons aussi que la gouvernance des institutions exerçant des tâches publiques (“Petit Etat” et “Grand Etat”) soit ouverte à l’expression des besoins de la population et des professionnel.le.s, en intégrant systématiquement des représentant.e.s des usager.ère.s et du personnel dans leurs instances. 

Et, au-delà d’un management plus démocratique et finalement plus efficace, le Groupe de travail Social-Santé de SolidaritéS demande que cesse la guerre budgétaire qui fait tant de victimes parmi les plus fragiles et parmi celles et ceux qui les accompagnent. 

Le Groupe de travail Social-Santé de solidaritéS