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GSsa : Après la claque, un référendum à gagner!

26,8% de OUI à l’initiative du GSsA. On pourrait chercher à se consoler en considérant que les deux dernières initiatives de l’UDC ont fait des scores encore moindres : 23,7 % pour l’élection du Conseil fédéral par le peuple et 24,7 % pour les référendums obligatoires sur les accords internationaux.

Mais le résultat de la votation sur l’initiative du GSsA pour supprimer le service militaire obligatoire reflète la double difficulté qu’a suscitée cette proposition. D’une part, elle a dû faire face à une forte mobilisation de la droite nationaliste et militariste qui craignait qu’un élément constitutif fondamental de sa conception de la Suisse ne disparaisse. Que serait la Suisse sans le devoir imposé à tous les hommes de défendre le pays face aux menaces venant de l’extérieur ? Quel futur pour des dizaines de milliers d’officiers s’il n’y avait plus de troupes à commander ? De ce côté-là, la campagne s’est donc largement axée sur la volonté du GSsA de porter un coup fatal à l’armée.

Mais d’autre part, il était difficile pour le GSsA d’affronter nos adversaires sur ce terrain et même de mobiliser à gauche et chez une partie des pacifistes avec une proposition qui aurait, simplement, ouvert la voie aux réformes adoptées sans pertes ni fracas par presque toutes les armées européennes depuis la fin de la Guerre froide.

La campagne n’a pourtant pas été complètement inutile. Les débats ont mis en lumière les effectifs encore largement surdimensionnés de l’armée suisse, malgré les réductions de ces dernières années. Ensuite, la campagne a permis de remettre en question, y compris à gauche, des mythes comme la « garantie démocratique » liée au caractère « populaire » de l’armée de conscription.

Et il n’a pas été inutile de dénoncer la double fiction liée aujourd’hui au service militaire obligatoire : la menace fictive d’une attaque militaire contre la Suisse qui pourrait justifier le maintien de la conscription et le caractère, largement fictif lui aussi, d’une obligation qui s’applique de manière de plus en plus partielle et sélective. En même temps, celui-ci n’as pas pour autant contribué à mobiliser ceux qui ont ainsi pu échapper par différents moyens au service militaire.

Comme l’a dit un militant du GSsA qui était sceptique sur cette initiative, la vache est donc encore sacrée même si elle a perdu pas mal de chair ces dernières années, et elle continue de se nourrir de milliards de francs des contribuables. Ce sont autant de raisons pour poursuivre l’engagement antimilitariste et pacifiste.

La prochaine occasion se présente dans un délai très bref : le référendum contre l’achat des nouveaux avions de combat sera lancé le 8 octobre 2013. A partir de cette date, il y aura un délai de trois mois pour récolter et faire valider dans les communes plus de 50 000 signatures, afin de soumettre à une votation populaire la levée du « frein à l’endettement » voté par le parlement pour pouvoir acheter 22 nouveaux Gripen pour 3,2 milliards de francs. 

La configuration de cette campagne sera naturellement très différente de celle sur l’initiative qui vient d’échouer : un référendum est à même de réunir des oppositions aux motivations fort diverses, surtout lorsqu’il y a un enjeu financier important.

Le souhait que certain·e·s ont émis au lendemain du vote sur la conscription, que le GSsA reste «discret» dans cette campagne «pour ne pas plomber aussi» le vote sur les avions est incongru et n’a pas de sens. La votation sur cet achat militaire absurde sera très serrée et pour gagner dans les urnes, il sera important de mobiliser réellement toutes les forces opposées aux nouveaux avions.

C’est pourquoi nous appelons tous et toutes les antimilitaristes et pacifistes, y compris ceux et celles qui étaient sceptiques sur l’initiative contre la conscription, à participer activement à cette campagne, en commençant par la récolte des signatures.

 

Tobia Schnebli