Guerre et démantèlement social le programme d’ensemble du G8

Guerre et démantèlement social le programme d’ensemble du G8

Les morts de la guerre – victimes de bombes de 900 kg, capables d’éventrer les bunkers, de bombes à fragmentation, ou de bombes «intelligentes» – ne sont pas encore tous enterrés, que les soldats étatsuniens tirent sur des manifestant-e-s dans les rues de Bagdad ou de Mossoul. Le Ministère irakien du pétrole est encore pratiquement intact, tandis que les historiens du Musée national peinent à dresser l’inventaire des biens culturels pillés sous les yeux impassibles des troupes d’occupation, biens culturels que l’on ne manquera pas de retrouver sur le marché mondial des antiquités… Ces deux images suffisent à montrer que les stratèges US ne jugent pas nécessaire de dissimuler leurs vues impérialistes sur l’Irak.


Guerre illimitée pour le pétrole

«Le pétrole est trop important, pour qu’on l’abandonne aux Arabes», déclarait l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger. Le mode de production capitaliste repose essentiellement sur des sources d’énergie non renouvelables comme le pétrole. Les VertEs qui ont été ou sont associés au pouvoir dans plusieurs pays n’ont donc pas fait avancer leur but de transformer l’économie capitaliste grâce à l’intervention de l’Etat ou à des mécanismes de marché en matière d’énergies alternatives.


Malgré l’émergence des énergies solaires et éoliennes, ainsi que les programmes d’économie énergétique, la dépendance par rapport aux énergies fossiles ne s’est pas réduite, bien au contraire. La demande mondiale de pétrole atteignait 72 millions de barils par jour en 2001. A l’horizon 2010 elle devrait être de 96 millions de barils, en 2020, de 115 millions de barils. Cette hausse n’est pas uniquement liée à l’augmentation des besoins énergétiques de pays comme la Chine; aux USA, on estime la croissance des besoins énergétiques à 30 % par rapport à la situation actuelle.


D’après les estimations actuelles, il reste encore des réserves pour une durée de 40 ans. L’évolution des événements en Irak et au Proche-Orient deviendra donc toujours plus significative, parce que les réserves situées dans d’autres régions seront beaucoup plus vite épuisées (d’ici 10,7 années aux USA, d’ici 7,8 années dans la mer du Nord et d’ici 19,1 années en Russie). Les guerres contre l’Irak, ou auparavant contre l’Iran, ont donné une image prémonitoire des futurs affrontements pour le partage d’énergies fossiles toujours plus rares. Durant ces deux guerres, plus d’un million de personnes ont perdu la vie dans des affrontements directs. Ce n’est qu’un début, si l’on ne réussit pas à réduire drastiquement les besoins élevés en énergies fossiles. La question de baser l’économie sur des énergies renouvelables et écologiques devient donc une tâche centrale de tout projet anticapitaliste.

(ud)


Prochain épisode: du 1er au 8 juin 2003, les seigneurs de la guerre et liquidateurs des droits humains Bush et Blair se retrouveront au coin du feu avec les liquidateurs des droits des peuples et fauteurs de guerre Chirac, Putine et Schröder pour discuter les stratégies visant à maintenir la puissance des pays industrialisés: nul d’entre eux ne reviendra sur les images de l’Irak, parce que tous sont satisfaits que la présence de leurs troupes coloniales en Côte-d’Ivoire, en Tchétchénie, au Kosovo ou en Afghanistan ne figure pas à l’ordre du jour.


En ce qui concerne leur concurrence pour se répartir le marché mondial, tous feront des efforts pour se souvenir comment ils ont géré ensemble la crise de la dette du Tiers Monde dans les années 80 (avec le moratoire décidé par le Mexique en 1982) ou accordé une remise de la dette, conditionnée par l’application des programmes d’ajustement structurel et l’ouverture des marchés des pays dépendants du Sud aux exportations en provenance du Nord. Dans les années 80, le G7 avait déjà joué un rôle important dans la conclusion du Cycle de l’Uruguay et la fondation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 1996, les membres du G7 (sans la Russie) ont adopté à l’unanimité le programme «La globalisation au profit de tous».

Réarmement et programmes d’austérité.

La forte croissance des programmes d’armement relève aussi de cette globalisation commune de l’exploitation capitaliste. Alors que les dépenses d’armement ont atteint un montant de 400 milliards de dollars aux USA, les Etats membres de l’Union européenne ont décidé de créer une force d’intervention rapide, qui devrait atteindre 60000 soldats, 350 avions et 75 navires de guerre. Ces troupes de combat européennes devraient pouvoir être engagées sur n’importe quel théâtre d’opérations dans un délai de 60 jours. D’ici la fin de cette décennie, l’Union européenne souhaiterait pouvoir mener seule des opérations du type de la guerre contre l’Irak. Jusqu’en 2008, 30 satellites devraient être mis sur orbite par l’UE – dans le cadre d’un programme joliment nommé «Galilée», afin de faire face à la concurrence étatsunienne. Il est aujourd’hui difficile de prévoir, si cette gigantesque course aux armements entre pays du G7 pourrait mener à des confrontations entre pays impérialistes ou si elle ne relève pas plutôt de la rhétorique apocalyptique des actuels «faucons» étatsuniens, qui souhaitent imposer un siècle américain grâce à leur prépondérance militaire.


Dans tous les cas, les moyens économiques et militaires des Etats impérialistes visent à garantir une pénétration globale de la planète par le marché capitaliste au détriment des pays dominés de la périphérie. Une chose est sûre: cette course aux armements, favorisée par la globalisation, devra être payée par les populations des USA et de l’Union européenne. La croissance de la pauvreté aux USA est déjà bien connue, tout comme le bilan catastrophique des privatisations en Grande-Bretagne. Par ailleurs, durant ces dernières semaines, le gouvernement «rouge-vert» en Allemagne a annoncé des coupes dans les programmes d’infrastructures sociales pour un montant de 9 milliards d’euros.


Compte tenu de ces efforts communs, les chefs des gouvernements du G7 ou G8 ne se préoccuperont évidemment guère – à l’occasion de leur rencontre avec vue sur le Léman – de questions comme les droits démocratiques, d’autodétermination ou de contestation. Alors que les troupes US tirent sur des manifestant-e-s chiites en Iran et empêchent les Kurdes de former leur propre Etat, les polices se préparent à arrêter des centaines de pacifistes en France et en Suisse, l’Union européenne renforce la fermeture de ses frontières à l’occasion de la rencontre d’Evian et s’apprête à déployer des centaines de policiers et de militaires pour réprimer les manifestant-e-s contre le G8. Les fauteurs de guerre ne peuvent pas supporter une opposition à la guerre et au réarmement.


Urs DIETHELM