L’homosexualité s’affiche sur les murs de Genève

L’homosexualité s’affiche sur les murs de Genève

L’association Dialogai a lancé, le 23 mars dernier à Genève, une vaste campagne pour promouvoir la visibilité des homosexualités et lutter contre l’homophobie. Une initiative bienvenue pour tenter de briser le tabou social qui continue à entourer l’homosexualité.

L’association Dialogai est partie du constat selon lequel, dans nos sociétés, si les droits des gays et des lesbiennes ont parfois évolué, par exemple là où des PACS ont été mis en place, l’homophobie demeure néanmoins fortement présente dans certains milieux, entraînant de nombreux couples du même sexe à vivre leur relation cachés.

Quand il est question d’amour…

Nombreux sont ceux qui voient dans l’homosexualité une pratique sexuelle déviante ou, à tout le moins, qui relève de la sphère privée et qui doit y être strictement confinée. En l’occurrence, Dialogai rappelle opportunément que, bien souvent, lorsque deux personnes du même sexe forment un couple, c’est bel et bien d’amour qu’il s’agit. On serait tenté de rajouter que les relations hétérosexuelles ne sont de loin pas toujours synonymes d’engagement sentimental profond…

Dès lors, pour lutter contre l’image dévalorisante de l’homosexualité que nos sociétés véhiculent, Dialogai a lancé une campagne douce de sensibilisation, au moyens d’affiches et de cartes postales représentant un couple de femmes et un couple d’hommes s’embrassant, avec la sobre mention: «Ils s’aiment» ou «elles s’aiment».

Une campagne superflue?

Dans sa livraison d’avril 2004, le magazine 360° s’interroge sur l’utilité de cette campagne dans une ville où les mentalités ont bien évolué sur la question et conclut que «l’intention de Dialogai est évidemment louable; dommage cependant que ses affiches enfoncent des portes ouvertes».

Au regard des réactions, souvent vives, qui ont été suscitées par les affiches de Dialogai quelques jours après leur pose, on ne peut s’empêcher de constater que, malheureusement, cette campagne n’était pas superflue, les esprits n’étant pas toujours prêts à accepter l’homosexualité, surtout lorsqu’elle est revendiquée en public…

Sortir de l’ombre

Cette campagne a donc réussi son premier pari: sortir l’homosexualité du placard et la faire descendre dans la rue. Une démarche à soutenir, quand on sait les difficultés sociales, familiales et psychologiques que peuvent parfois engendrer une relation homosexuelle qui ne peut être vécue librement.

Et le chemin vers la pleine reconnaissance du droit à deux personnes du même sexe de s’aimer reste long, même à Genève, qui peut, sous certains aspects, paraître moins homophobe que d’autres régions. Les organisatrices et les organisateurs de la Pride 04 l’ont bien compris en inscrivant celle-ci dans une dynamique de rencontres, de discussions et de débats.

Erik GROBET