Pouvoirs publics et transports publics ne doivent pas permettre la diffusion de l’affiche du comité anti-minarets
Après les mains rapaces, les moutons noirs et les corbeaux charognards que l’UDC a imposés sur nos murs, l’affiche du Comité d’initiative contre la construction de minarets suggère que les musulmans terrorisent les Suisses. Il dessine une sorte de veuve noire au centre d’une Suisse recouverte de la toile que forment des minarets et leurs ombres.
Bâle a interdit cette affiche. Fribourg, Lausanne, Montreux et Yverdon aussi…
Les CFF et beaucoup d’autres s’interrogent. Les pouvoirs publics, les transports publics doivent-ils l’interdire? Pour certains, son interdiction limiterait la liberté d’expression, pour d’autres le débat sur son interdiction nuirait au débat de fond.
La liberté d’expression permet-elle tous les excès? Permet-elle l’atteinte à la dignité des femmes ou des enfants? Quant au fond du débat, l’engagement des autorités contre le racisme ne suppose-t-il pas un consensus démocratique contre l’étalage de la haine?
Dans le registre que manipule l’affiche islamophobe, au 20e siècle, on trouvait ça:
Imagine-t-on une seule ville suisse permettre ces affiches aujourd’hui? Non, bien sûr et heureusement. Mais pourquoi? Cette différence de traitement n’appelle-t-elle pas un débat de fond?
Certains adhèrent à l’argument des initiants selon lequel l’interdiction ferait de la publicité aux initiant. Etrange raisonnement, la publicité de l’UDC serait-elle moindre si ce parti recouvre le pays de ses immenses affiches racistes?
D’autres estiment que combattre cette affiche leur donnerait un rôle de victimes. Le racisme de l’UDC prétend que les Suisses sont victimes de l’islam. Accepter cette affiche encourage cette affirmation. Quelle protection assure-t-on aux vraies victimes, celles qui en Suisse et partout dans le monde subiront l’affiche de l’UDC?
Le racisme réduit des personnes égales en dignité et en droits à leur appartenance à des «races», religions, nationalités, genres, classes ou statuts. Leur apparence, leurs croyances, leurs cultures, leurs psychologies ou leurs comportements permettrait de les discriminer car ils seraient dangereux.
La commission fédérale contre le racisme recommande d’interdire l’affiche antiminarets
La Commission fédérale contre le racisme (CFR) vient d’écrire que l’affiche anti-minarets menacerait la paix publique. La norme pénale contre le racisme ne pouvant être appliquée à une telle image, la CFR préconise une minutieuse pesée d’intérêts, et recommande son interdiction. Selon la CFR, interdire de placarder ces affiches c’est se conformer:
- • à l’obligation de non-discrimination inscrite à l’article 8 de la Constitution fédérale;
- • à l’obligation de prévention figurant à l’article 2 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. La Suisse l’a ratifiée en 1994.
Cette interdiction satisferait aux recommandations des organes internationaux de surveillance des droits de l’homme (le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance).
Ces organes mettent en garde contre l’augmentation des généralisations racistes et xénophobes à l’encontre des étrangers, des musulmans et d’autres minorités diffusées lors des campagnes de votation. Ils invitent la Suisse à changer sa politique.
Le pompier doit éteindre les feux qu’allume le pyromane.
Karl Grünberg
ACOR SOS Racisme
12 octobre 2009