À l'occasion de l'inauguration du tram 18 · TPG et politique de mobilité : vers le mur?!
Alors qu’on inaugure ce week-end le retour – tant attendu ! – d’une ligne de tram directe entre Carouge et Cornavin, solidaritéS, membre de la coalition Ensemble à Gauche, tient à rappeler son soutien de longue date à ce retour indispensable et rappelle ci-dessous quelques éléments sur la nécessité absolue d’investir davantage pour les TPG, notamment suite à l’acceptation de l’initiative « Stop aux hausses de tarifs » !
Une victoire d’étape
solidaritéS avait, dès son introduction en 2011, dénoncé la réorganisation du réseau de trams « simplifié ». Celle-ci s’est faite au détriment des usagers·ères (en particulier ceux à mobilité réduite). L’an passé, nous avions donc soutenu énergiquement la pétition des habitant·e·s de Carouge demandant le retour de cette ligne (pétition déposée avec 5500 signatures)… retour prétendument « impossible » selon le Conseil d’Etat à l’époque ! Enfin, en août 2013, nous manifestions, en marchant de Carouge à Cornavin, pour demander la réintroduction du tram 13.
Et le tram 16 ?
N’oublions pas toutefois que, depuis la mise en place du nouveau réseau, les habitant·e·s des communes de l’est du canton (Trois-Chênes) ont aussi vu disparaître leur connexion directe en tram jusqu’à la gare. Si la réintroduction d’une connexion Carouge-Cornavin est possible, cela devrait être également possible pour les Trois-Chênes. Cette option doit être sérieusement étudiée pour permettre un retour de la ligne 16 (ou d’un tram équivalent).
Le réseau de trams sacrifié sur l’autel de la bagnole
Rappelons aussi que la mise en place de ce nouveau réseau « simplifié », sous couvert d’arguments « techniques » plus ou moins justifiés, répondait en fait surtout à une volonté d’augmenter les fréquences des trams tout en évitant de donner la priorité aux véhicules TPG aux feux de circulation, ménageant ainsi la susceptibilité des milieux pro-voiture. Le Conseil d’Etat vient d’ailleurs de refuser l’initiative demandant la priorité des TPG dans le trafic, confirmant ainsi sa vision : des trams contenant 200 personnes devront continuer de s’arrêter au feu pour laisser passer 15 voitures ! Alors même que toutes les autres villes suisses donnent, en toute logique, une vraie priorité aux transports publics (avec succès), le gouvernement semble vouloir que Genève reste lanterne rouge en matière de vitesse commerciale !
Couper dans les prestations TPG ?
Licencier du personnel ? C’est NON !
Suite à l’acceptation du vote du 18 mai confirmant pour la deuxième fois la nette volonté populaire en faveur d’une baisse des tarifs TPG, le Conseil d’Etat, mauvais perdant, a répondu en évoquant une baisse des prestations. Suppression de lignes de bus ? Diminutions des fréquences le week-end et le soir ? Suppression de 110 à 120 postes de travail ? Si une ou plusieurs de ces options devait se confirmer, ce serait une véritable déclaration de guerre contre les employé·e·s et les usagers·ères, et nous appellerons alors à la création d’un large mouvement de résistance, unissant usagers·ères et employé·e·s TPG face à ces attaques inacceptables !
Objectif : la gratuité de ce service public essentiel !
Alors que le redéploiement du réseau TPG porte largement ses fruits (hausse constante des voyageurs depuis des années), le Conseil d’Etat poursuit, à rebours du bon sens, sa politique punitive contre les usagers·ères : hausses de tarifs, contrôles massifs, diminution des prestations… Nous défendons exactement l’inverse : des transports publics efficaces, attractifs, bon marché, en visant, à terme la gratuité. Genève en a largement les moyens : la baisse d’impôts votée en 2009 représente un manque à gagner d’environ 400 millions par an, là où la gratuité des TPG coûterait seulement 150 millions.
Les transports publics doivent être impérativement gérés comme un bien public. Le calcul des coûts et bénéfices devrait être bien moins étroit qu’aujourd’hui, pour mieux prendre en compte toutes les retombées positives à long terme et pour l’ensemble de la société. Davantage de transports publics, c’est moins de pollution, moins de bruit, moins d’accidents, moins d’embouteillages et une bien meilleure santé publique. Genève a vécu cet hiver plusieurs épisodes de pics de pollution majeurs… or, leurs coûts sur la santé ne sont bien sûr pas pris en compte dans le calcul des coûts du trafic motorisé !
En attendant : promouvoir la baisse des tarifs, augmenter la subvention, améliorer le réseau
Pour l’heure, les autorités cantonales et la direction des TPG doivent saisir au bond les opportunités ouvertes par l’acceptation de l’initiative « Stop aux hausses des tarifs ! ». Tout d’abord pour mener une grande opération de promotion vantant les avantages des nouveaux tarifs qui entreront en vigueur sous peu, afin d’attirer dans les trams et bus de nouveaux usagers·ères. La perte financière envisagée par la baisse des tarifs sera bien moindre si le nombre d’usagers·ères croît.
Ensuite, puisque cette initiative témoigne du souhait d’avoir des TPG efficaces et bon marché, il faut évidemment augmenter significativement la participation étatique. En effet, si la baisse des tarifs devait se traduire par un manque à gagner, celui-ci doit être impérativement couvert par une subvention.
Quoi qu’il en soit, un investissement plus important de la part de l’Etat est indispensable, notamment pour accélérer le processus de développement du réseau TPG, et viser en particulier une meilleure desserte à l’échelle régionale pour permettre aux pendulaires transfrontaliers de recourir plus facilement aux transports en commun.
Politique de la mobilité : vers le mur ?!
Plus largement, c’est la politique de mobilité cantonale à Genève qui va dans le mur. Le Conseiller d’Etat Luc Barthassat a ainsi par exemple récemment annulé toutes les mesures qui visaient à apaiser la rue de l’Ecole-de-Médecine dans le quartier populaire de la Jonction, se moquant de l’avis de la Ville de Genève et des associations d’habitant·e·s.
Après une période d’adaptation, des améliorations claires commençaient pourtant à se faire ressentir dans cette zone : bruit, pollution, tranquillité, etc. Alors même que Luc Barthassat évoque des régimes différenciés de priorité pour « clarifier qui, parmi les transports publics, les véhicules individuels, les vélos, les piétons, aura la priorité et dans quelle zone » (TdG, 11 mars 2014), il envoie ici un signal catastrophique. Si l’objectif est de transformer tous les quartiers en zones de transit pour le trafic motorisé en y rétablissant la priorité absolue du trafic individuel motorisé, il rencontrera une forte résistance !
Thibault Schneeberger
Henriette Stebler