Contre la crise, un plan d’urgence sociale : exemption des loyers et des primes maladie pour les plus précaires

Communiqué de Presse 27 avril 2020

Suite à la pandémie du coronavirus, une crise économique majeure s’apprête à balayer l’ensemble de la société avec de très lourdes conséquences, en particulier sur les plus précaires. La solidarité doit primer !


Les mesures économiques proposées par les autorités sont principalement des mesures visant à soutenir les entreprises, y compris les plus florissantes – alors que des milliers d’indépendant·e·s sont encore affectés – et à préparer la reprise des activités. solidaritéS défend des mesures d’urgence pour protéger et assurer des  allocations financières permettant de vivre dignement à toutes et tous les travailleurs·euses et les personnes sans ressources, quel que soit leur statut.

Cette crise économique risque fort d’être l’occasion d’une offensive patronale sans précédent pour affaiblir les maigres droits des travailleurs·euses et les trop minces régulations écologiques existantes sous prétexte d’une nécessaire « relance » de l’activité économique. La population doit se préparer à résister à ces attaques : ce n’est pas aux plus faibles et aux travailleurs·euses de payer cette crise !


Garantir des conditions de vie décentes à toute la population


Dans cette période critique, la solidarité doit s’appliquer à tous les niveaux et tout le monde doit avoir la garantie de toucher ces prochains mois de quoi subvenir à ses besoins vitaux et sociaux. En ce sens, les mesures annoncées par le Conseil d’Etat et le Conseil fédéral ne sont pas à la hauteur des enjeux.
La perte de revenus engendrée par le chômage partiel n’a pas les mêmes conséquences selon qu’on gagne en temps normal CHF 7’600 par mois ou CHF 3’800. Dans ce deuxième cas, toucher 76% de son salaire (comme c’est le plus souvent le cas avec le chômage partiel) risque de précipiter des couches déjà fragilisées sous le seuil de pauvreté. L’Etat doit donc s’assurer que tout·e·s les salarié·e·s qui touchaient moins de CHF 4’500 par mois avant la crise continueront à toucher 100% de leur revenu. Les personnes précaires, notamment qui travaillent sur appel, ou dont le contrat a été résilié doivent également impérativement percevoir une garantie de revenu au moins à hauteur du revenu minimum cantonal d’aide sociale.


Inverser l’échelle des valeurs : revaloriser les métiers essentiels


Cette crise a aussi démontré la nécessité d’une inversion de l’échelle des valeurs qui prévaut actuellement : les salarié·e·s les plus essentiels dans cette crise, celles et ceux dont l’activité est considérée comme la plus « essentielle » et qui sont au front  et continuent à être les plus exposés durant cette crise (personnel de vente alimentaire, de soins, de nettoyage y compris dans l’espace public, etc.) sont aussi souvent celles et ceux qui ont les conditions de travail les plus pénibles et les salaires les plus faibles. Il est donc plus que nécessaire de les revaloriser en posant des exigences légales pour hausser leurs rémunérations. La mise en place d’un salaire minimum légal de 23.– de l’heure est donc une première étape indispensable en ce sens.
Les entreprises qui ont déclaré des bénéfices en 2019 ne doivent pas toucher d’aide publique, le versement des dividendes doit être suspendu et les licenciements doivent être interdits.


Travailleuses de l’économie domestique livrées à elles-mêmes


Actuellement, de trop nombreuses personnes sont exclues des mesures exceptionnelles, soit parce qu’elles n’ont pas un emploi à plein temps ou qu’elles ne travaillent pas dans un domaine considéré comme productif. Prenons un exemple parmi les plus fragiles : les employé·e·s domestiques.

Ces dernières – majoritairement des femmes, souvent sans statut légal – se retrouvent souvent sans emploi, sans filet de sécurité et bien seules face à des employeurs·euses privés réticents à remplir les obligations légales à leur égard. Les renvoyer vers l’Hospice général comme le fait le Conseil d’Etat n’est pas satisfaisant car les prestations d’aide sociale ne représentent qu’un minimum vital et ne permettent pas de couvrir d’autres charges importantes des ménages. Créer un Fonds d’aide spécial COVID-19 nous paraît donc une mesure plus pertinente. Ne pas pénaliser les personnes au bénéfice d’un permis de séjour qui devraient recourir à l’aide sociale dans cette période est bien la moindre des choses : nous accueillons donc favorablement cette mesure.

Cette situation d’exclusion des mesures est alarmante pour tout·e·s les sans-papiers (50’000 à 100’000 en Suisse). Une aide urgente doit donc leur être fournie et leur accès aux soins doit être garanti, avec confidentialité absolue afin que la crainte d’une dénonciation ne vienne pas entraver leur droit à la santé.


Des mesures pour alléger les charges de toutes et tous : exemption des loyers et des primes-maladie !
Sachant qu’avec les mesures d’urgence, certain·e·s tomberont entre les mailles du filet, nous exigeons des mesures concrètes immédiates touchant toutes les personnes ayant subi des baisses de revenu et dont le revenu entre dans le barème d’accès aux subsides de l’assurance maladie. La facture peut être payée par les milieux immobiliers et d’assurance, qui bénéficient de réserves suffisantes :

–    Exemption des loyers pour les mois de mars, avril, et mai (les montants éventuellement déjà versés étant reportés pour les mois suivants) et interdiction de toutes les résiliations et de toutes les expulsions.

–    Exemption du paiement des primes maladie pour les mois de mars, avril et mai (les montants éventuellement déjà versés étant reportés pour les mois suivants) et plafonnement à leur niveau actuel pour les 2 prochaines années au moins.