Référendum contre l’aide aux précaires : l’UDC et le MCG avancent masqués !

Communiqué de presse de solidaritéS · Jeudi 6 août 2020

Référendum contre l’aide aux précaires : l’UDC et le MCG avancent masqués !

Le référendum UDC/MCG contre le fonds d’aide aux plus précaires de 15 millions voté le 25 juin dernier par le Grand Conseil fait l’objet d’une récolte de signatures qui présente d’inquiétantes zones d’ombre.

En effet, selon plusieurs expériences qui nous ont été rapportées, les personnes qui récoltent en ce moment dans la rue abordent les passant·e·s en évoquant un objectif de « lutte contre le travail illégal et non déclaré », alors que ce référendum n’aura aucun effet réel contre le travail non déclaré, mais va empêcher une population fragilisée de toucher une aide pourtant indispensable à sa survie. Invoquer là un objectif de lutte contre le travail au noir constitue simplement une manière d’induire en erreur les potentiel·le·s signataires. Pire, c’est l’UDC – elle-même autrice d’une initiative contre la libre circulation des personnes (contre laquelle nous allons dire NON en septembre) visant à démanteler les mesures d’accompagnement pour lutter contre le dumping salarial – qui ose se réclamer de la protection des travailleurs·euses!

Plus problématique encore : toujours selon les expériences que l’on nous a rapporté, lorsqu’on questionne ces récolteurs·euses sur les organisations à l’origine du référendum, ils·elles pointent un « Comité référendaire contre le travail illégal » mais ne reconnaissent aucun lien avec l’UDC ou le MCG. Ils·elles affirment aussi ne pas être membres de ces partis. Ils·elles refusent également de répondre aux questions lorsqu’on leur demande à quel titre ils·elles récoltent ces signatures, et coupent court sèchement à la conversation et s’en vont dès qu’on leur demande s’ils·elles sont rémunéré·e·s par une entreprise pour obtenir ces signatures.

Or, si la feuille référendaire contient effectivement les noms de personnalités UDC/MCG bien connues, les logos de ces deux partis en sont totalement absents. Et lorsqu’on demande à obtenir une de leurs cartes-réponse, les récolteurs·euses renvoient à « googler » le « comité référendaire contre le travail illégal ». La recherche mène immédiatement au site de l’UDC Genève[1], créant un embarras chez le·la récolteur·euses qui s’en va aussitôt.

Une question se pose alors : d’où proviennent ces mystérieux récolteurs·euses du « comité référendaire » qui n’assument visiblement pas de lien avec les deux partis à l’origine du référendum? L’enquête de l’émission Mise au Point (RTS) du 2 février 2020[2] dévoilait les manipulations et mensonges des récolteurs·euses employé·e·s par des agences (INCOP, Vox Communications, etc.). Or, cette pratique est interdite à Genève, selon l’art. 183 d alinéa 3 de la Loi sur l’exercice des droits politiques (LEDP). Récolter pour un « référendum contre le travail illégal » en recourant à un procédé… illégal ? Quelle ironie, le cas échéant !

Le problème ne vient bien sûr pas des récolteurs·euses mais de leur commanditaires, l’UDC et le MCG. Outre l’aspect douteux du procédé de récolte, l’atteinte portée à la démocratie directe doit être soulignée. L’extrême droite use de stratagèmes pour prétendre défendre ceux et celles qu’elle attaque, se parant du masque de la lutte contre la précarité. Lorsque les signataires victimes de cette entourloupe s’en rendront compte, il y a fort à parier qu’ils.elles seront bien plus méfiant.e.s envers de futures récoltes de signatures.

Sur le fond, rappelons que cette aide de 15 millions votée au Grand Conseil est indispensable aux travailleurs·euses les plus précaires du canton, dont font probablement partie ces mystérieux récolteurs·euses, à l’instar de milliers de personnes ont été encore plus fragilisé·e·s par la crise du COVID-19. Dès son lancement, ce fonds a fait l’objet d’une véritable entreprise de sabotage de la part de la droite qui a retardé son traitement jusqu’à fin juin, alors même que la situation sociale urgente nécessitait une action extrêmement rapide. Au parlement, le PLR s’est allié au bloc UDC-MCG pour refuser la clause d’urgence qui aurait permis de soustraire cette loi à « l’effet suspensif » du référendum et d’éviter ainsi de retarder encore le versement de cette aide vitale pour des milliers de travailleurs·euses précaires. Pour rappel, solidaritéS avait déjà pris position et fermement condamné ce référendum de la honte[3]. Aujourd’hui, c’est la récolte elle-même qui est sujette à caution.

Sur le fond autant que sur la méthode, l’UDC et le MCG semblent avoir atteint des tréfonds d’hypocrisie. Espérons que les citoyen·ne·s ne seront pas dupes !


[1] https://www.udc-ge.ch/non-au-travail-illegal-et-non-declare/

[2] https://www.rts.ch/info/suisse/11058497-recolte-remuneree-de-signatures-des-pratiques-trompeuses-devoilees.html

[3] https://solidarites.ch/geneve/2020/07/19/lalliance-de-ludc-et-du-mcg-pour-bloquer-laide-durgence-un-mepris-inqualifiable-de-la-detresse-humaine/