Un dimanche noir pour la démocratie suisse!

Communiqué de Presse · 13 juin 2021

Objets fédéraux

Mesures policières de lutte contre le terrorisme

C’est un dimanche noir pour la démocratie et des heures sombres qui s’annoncent pour tou·te·s les militant·e·s d’organisation politiques, associatives, d’ONG etc.. A Genève et sur le plan national, c’est à 57% que la loi  MPT a été plébiscitée par le peuple. Nous déplorons l’acceptation de cette loi arbitraire, qui permet des mesures coercitives sur la base de simples soupçons et ce même à l’encontre d’enfants. Elle laisse la liberté à chaque juridiction cantonale d’inscrire des organisations sur la liste des organisations dites terroristes, entrainant le risque d’une criminalisation des mouvements politiques et sociaux (Grève féministe, Grève Climat, ZAD) ou de solidarité avec des peuples ou communautés opprimées en lutte (Kurdes au moyen orient, Ouïgours en Chine, Afro-américain·e.s aux Etats-Unis, etc.).

Cette loi stigmatise des groupes et des personnes supposées « dangereuses ». La création d’une catégorie dite de « terroriste potentiel » permettra de justifier une forme de « surveillance collective », notamment fondée sur la religion. En prétextant combattre le terrorisme, cette loi vise à renforcer le dispositif répressif de l’État et le caractère autoritaire et arbitraire des politiques imposées pour maintenir l’ordre social et économique. Elle menace gravement nos libertés démocratiques et représente un risque majeur de dérives autoritaires.

Nous regrettons fortement le résultat de ce vote qui met gravement en danger notre organisation et la sécurité de tou·te·s nos militant·e·s. Nous continuerons à combattre celle-ci sur d’autres terrains pour que tous et toutes puissions continuer à nous exprimer librement !

Loi sur le CO₂

Il était prévisible, en vue des moyens investis, que la loi CO₂ soit acceptée à Genève (61% des votant·e·s ont dit OUI). Pour rappel, le référendum contre cette loi avait été  lancé par la Grève Climat avec le soutien de solidaritéS et  avec pléthore d’arguments en défaveur d’une loi grandement insuffisante. Les objectifs fixés dans cette loi restent largement en-deçà de ce que l’urgence climatique exige et des constats sur lesquels se sont basés l’Accord de Paris. Alors que la place financière suisse pollue 22 fois plus que la population, cette loi ne touche pas aux activités des banques, des multinationales et des assurances, qui pourront continuer à polluer pour maximiser leurs profits. Elle autorise des mécanismes de compensation à l’étranger et s’appuie sur des technologies de compensation effrayantes. Bien qu’elle prévoie une rétrocession des deux tiers des taxes (avions, mazout, essence) à la population et aux entreprises, la loi renforce les inégalités sociales. Elle péjore avant tout le budget des moins riches… sans effets concrets sur les modes de production, de déplacements et d’échanges à la source du dérèglement climatique. Nous déplorons que nos arguments n’aient pas eu un meilleur écho auprès de la population genevoise. Et si on constate qu’au niveau national le vote est différent, puisque c’est 60% des votant·e·s qui ont dit NON à la loi CO₂. Il ne nous reste plus qu’à espérer que ce sont bien nos arguments qui aient été entendu et pas ceux de l’extrême droite, des lobbies pétroliers ou encore des climatosceptiques. Un travail de conscientisation et d’information auprès de la population demeure une priorité, pour que des vrais changements soient voté et non pas des lois alibis pour se donner bonne conscience.

L’urgence climatique ne peut pas se satisfaire de petit pas. Un vrai tournant écologique est vital. Nous étions nombreux.ses à nous retrouver dans la rue le 21 mai dernier lors de la Grève pour l’Avenir. Et c’est bien de cela dont il est question : Revendiquer la justice climatique pour enfin enclencher les changements indispensables.

Rejet des initiatives eau potable et contre les pesticides de synthèse

L’initiative pour une eau potable propre visant à préserver les eaux suisses en coupant les paiements directs aux exploitations utilisant des pesticides, des antibiotiques prophylactiques au bétail ou du fourrage produit hors-exploitation a été rejetée par les genevois·e·s tout comme l’initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse. Ces deux initiatives étaient, il est vrai, relativement imparfaites et mettaient beaucoup de pression sur un monde paysan déjà fragile. Toutefois, elles ont eu le mérite de lancer un débat nécessaire en vue de l’urgence climatique. Les résultats serrés du vote à Genève (53,5% contre l’IN eau potable et 51% contre l’IN pesticide) démontrent que la population demeure partagée sur ces questions. Le résultat est un peu plus tranché au niveau national avec respectivement 59% et 60% de NON pour ces deux initiatives.

Ce vote démontre que le débat doit continuer et qu’il importe maintenant de réussir à convaincre plus largement de la nécessité de repenser notre rapport à l’alimentation et à sa production. Pour sortir d’un système capitaliste mortifère basé sur une exploitation toujours plus dévastatrice de la nature et des êtres vivants .

Loi COVID-19

C’est avec soulagement que nous constatons que malgré des arguments trompeurs, les opposants à celle loi n’ont pas réussi à convaincre largement. Il aurait été catastrophique que les mesures de soutien et subventions financières accordées aux domaines de la culture, du sport, des médias mais aussi aux indépendant·e·s et aux salarié·e·s soient mise en danger. Si solidaritéS a défendu ce volet de mesures, notre OUI à cette loi est critique. En effet, de nombreux aspects de celle-ci –comme celui du volet concernant les importations et autorisations de matériels médicaux – nous semblent discutables. Ce oui, n’est donc pas un blanc-seing à l’encontre du Conseil fédéral et de sa gestion de la crise… bien au contraire ! Il était toutefois essentiel que les aides financières, menacées en cas de refus de la loi, puissent se perpétuer jusqu’à la fin de la crise.

Nous saluons ce résultat et nous continuerons à nous battre aux côtés des travailleurs·euses et tous les laisser pour compte de la crise pour que personne ne soit oublié.

Objets communaux

Cité de la musique

La bonne nouvelle de ce dimanche de votation pour la ville de Genève est le rejet à 50,5% du projet de la Cité de la musique. La population ne s’y est pas trompée et ce malgré les promesses des promoteurs·trices de ce projet pharaonique décidé entre « riches », pour une élite, sans concertation avec l’ensemble des milieux musicaux. Ce vote montre que la population n’est pas dupe et refuse ces cadeaux empoisonnés de mécènes douteux. Nous soutenons la culture sous toutes ses formes et sommes en faveurs d’une pluralité d’acteurs et actrices et d’offres mais à destination de tous et toutes !

Nous le répétons, pour affronter la crise climatique, notre époque doit être celle des projets cohérents, décidés par la population et pour la population, et non par et pour une petite minorité. Nous n’avons pas besoin de nouveaux super paquebots qui coulent, comme le Stade de Genève, mais de projet permettant de créer du lien social et des dynamiques constructives pour améliorer le vivre-ensemble.