Un vendredi noir pour le climat
Le Black Friday, cette fête de la surconsommation états-unienne qui se mondialise depuis quelques années ne pouvait pas rester sans réponse après plus d’une année de mobilisations climatiques.
Le 29 novembre, les grands distributeurs et les multinationales de la vente s’apprêtaient à multiplier leurs profits à l’occasion du Black Friday. Cette journée du consumérisme est aussi nocive pour les travailleurs·euses de la distribution et de la vente – avec les femmes en première ligne – que pour le climat. Globalisation des circuits de production, exploitation des humain·e·s et des ressources, gaspillage et obsolescence programmée, pression à l’achat inutile… Cette journée incarne parfaitement la logique mortifère du système capitaliste.
Dans le monde entier, des mobilisations ont dénoncé ce vendredi noir. Aux États-Unis, des actions ont eu lieu dans toutes les grandes villes. Des militant·e·s de Extinction Rebellion (XR) et du Sunrise movement ont par exemple formé de longues processions silencieuses avec des caddies vides. En France, différentes organisations et des gilets jaunes ont bloqué des entrepôts d’Amazon pour protester contre la surconsommation et les conditions de travail infernales imposées par cette multinationale. Le syndicat allemand Ver.di a appelé à une grève le vendredi, et aussi durant le Cyber Monday, pour les mêmes raisons, et chez le même employeur. Fridays for future a lancé un appel suivi dans 2300 villes dans le monde.
En Suisse aussi
À Fribourg, une soixantaine d’activistes de XR et de la Grève du climat ont bloqué une entrée de Fribourg Centre, certain·e·s en s’enchaînant avec des caddies. Ce blocage symbolique a provoqué des réactions agressives de certain·e·s usagers·ères, allant même jusqu’à des menaces d’en venir aux mains pour déloger les écologistes. La police a choisi d’attendre l’heure de fermeture du centre avant de procéder à une évacuation. Pendant plus de deux heures, XR Fribourg et La GdC Fribourg ont chanté et protesté, séparés d’une foule curieuse par des cordons de police.
À Genève, le collectif Convergence des luttes s’est formé à cette occasion. Il regroupe une quarantaine d’associations, collectifs, syndicats et partis. Le matin, des activités ont eu lieu dans les établissements scolaires et à Uni Mail. De nombreuses actions contre la publicité, la fast-fashion et ses enseignes ont été menées sous diverses formes, la veille, pendant la journée et la manifestation. Un dispositif policier démesuré a été déployé dans la ville (patrouilles, contrôles arbitraires et brutaux, voltigeurs, canon à eau). Certains temples de la consommation ont été obligés de fermer aux heures de pointe! Le soir, une manifestation nocturne a rassemblé 2000 personnes réuni·e·s derrière la banderole : « Uni·e·x·s, on block le Black Friday ».
À Lausanne, la Grève féministe s’est associée à la Grève du Climat et à XR pour organiser un contre-événement, le festival Black Free Day, qui s’est déroulé de 14 h à 22 h sur la place Chauderon. Au programme : des concerts, un freeshop d’habits et de livres et de la soupe à la courge à base d’aliments récupérés pour interpeller les passant·e·s sur leur rapport à la consommation, questionner le système de production capitaliste et valoriser le troc et le recyclage. La veille, des militant·e·s avaient parcouru la ville pour une action de contre-affichage avec des slogans comme « biodiversité : grande braderie jusqu’à épuisement des stocks ». Un franc succès et un exemple réjouissant pour de futures opérations. Réd
