Stop à l'huile de palme

Un référendum contre l‘accord de libre-échange avec l‘Indonésie a été lancé. Rudi Berli d’Uniterre nous le présente.

Vendredi 7 février 2020, un petit groupe du comité référendaire s‘est rendu devant le siège d‘Olam International à Genève. Ce groupe de Singapour est actif dans le commerce d‘huile de palme, le négoce de matières premières et l‘industrie agro-alimentaire. Cette action visait à dénoncer le rôle des entreprises de trading de matières premières alimentaires tel que l‘huile de palme. Quatre société de ce type (Carghill, Bunge, Louis Dreyfuss Company et Olam) implantées à Genève engrangent à elles seules des bénéfices annuels de 220 milliards de Dollars. Cette somme équivaut au PIB de l‘ensemble des 40 pays les plus pauvres. Selon le principe du polluer-payeur, le comité référendaire leur a remis une facture pour les coûts sociaux et environnementaux qu‘ils causent.

Le 20 décembre 2019, le parlement a approuvé un traité de libre-échange avec l‘Indonésie. Ce traité avait été notamment initié par les secteurs liés à l’industrie de l’exportation suisse. À côté de la libéralisation des investissements, cet accord prévoit une baisse de tarifs douaniers de 35 % sur un contingent d’importation avec concession tarifaire qui augmentera progressivement de 10 000 à 12 500 tonnes d’huile de palme.

Conditions de production mortifères

Actuellement, la Suisse importe environ 32 000 tonnes d‘huile de palme par année. Au niveau de la consommation, l‘huile de palme se situe en troisième place après l‘huile de tournesol et l‘huile de colza et avant l‘huile d‘olive. L’huile de palme est cultivée dans des monocultures, avec le recours à des pesticides toxiques, au travail des enfants et au travail forcé, ceci dans des des conditions de travail misérables. D’immenses zones de forêt tropicale offrant une riche biodiversité sont irrémédiablement détruites : en septembre 2019, 300 000 hectares de forêts étaient encore en feu en Indonésie. Les petits exploitant·e·s et les populations autochtones sont alors chassés de leurs terres.

Il n’y a pas d’huile de palme durable et pourtant elle reste présente dans un produit sur deux. Produite à très bas prix, son importation entraîne une concurrence déloyale avec nos huiles végétales indigènes.

Absence de contrôle

Alors qu’en Suisse, des normes, certes insuffisantes, sont fixées en matière de protection de l’environnement, des animaux et de la biodiversité, aucune de ces exigences n’est respectée en Indonésie.

Compte tenu de la crise climatique, le transport de marchandises doit aussi être limité. Le commerce mondial a entraîné la destruction de l’environnement. Dans la plupart des pays, le libre-échange n’a augmenté ni la prospérité ni la qualité de vie et ne sert que les intérêts économiques des multinationales.

Comme dans tous les accords de libre-échange, il manque à cet accord avec l’Indonésie des mécanismes de contrôle efficaces et des sanctions contraignantes. Les violations des droits de humains et du travail, de la protection du climat et de l’environnement ne sont pas l’exception, mais la règle. La durabilité mise en avant des accords est donc réduite à néant.

Nous n’avons pas de temps à perdre

Très bientôt, nous devrons également débattre des accords de libre-échange avec le Mercosur (regroupement d’États sud-américains) et la Malaisie. Il est juste et stratégiquement important de soutenir le référendum maintenant. Ce faisant, nous envoyons un signal pour un commerce mondial juste et équitable.

Le délai réferendaire court jusqu‘au 9 avril, la récolte de signatures devrait donc être terminée la dernière semaine de mars. Dans le même temps, une campagne de financement participatif a été lancée car nous devons compter sur nos propres moyens pour que cette question puisse être soumise à une votation populaire.


Rudi Berli

L’agrobusiness thématisé

L’édition 2020 du Forum contre la spéculation traitera du commerce mondial des matières premières agricoles et de leur impact sur le climat. Les accords de libre-échange avec l’indonésie et le Mercosur seront notamment présentés lors de la première plénière.
→ Samedi 28 mars, 10 h 45 — 17 h, Pôle Sud, Lausanne

Qui soutient le référendum contre l’Accord de libre-échange ?
Une alliance issue de la société civile et d’agriculteurs et agricultrices, initiée par le vigneron bio genevois Willy Cretegny. Le référendum est jusqu’à présent soutenu par : Uniterre, Multiwatch, Incomindios, Agrisodu, Grassrooted, Agrarinfo, Parti Suisse du Travail – POP, solidaritéS, Nouveau Radical, Bioforum, Longo Maï, Solidarité sans frontières, Jeunesse Socialiste, Tier im Fokus, Association des petits paysans, Bäuerliches Zentrum Schweiz, Les Verts Genève, Grève du climat Vaud, FIAN Suisse, Collectif BreakFree Suisse, Fédération Romande d’Agriculture Contractuelle de Proximité (FRACP), PS Genève, Jeunes Vert·e·s Suisse, Les Vert·e·s Vaud, Les Vert·e·s Fribourg, Centre Europe – Tiers Monde (CETIM), Fédération Syndicale SUD, SSP – Le Syndicat des services publics et Slow Food Suisse.