Contre le virus répressif

À Genève, le droit de manifester, déjà malmené par la « nouvelle » loi sur les manifs, subit des attaques renouvelées depuis le début de la pandémie.

Répression, Critical Mass, Genève
Les quelques vélos présents à la Critical Mass du 29 mai ont été accueillis par un déploiement massif de policiers

Un peu partout, les mesures de lutte contre le virus riment avec recul des libertés publiques. Or, si l’on peut admettre que les grands rassemblements aient été limités un temps, l’expression démocratique dans la rue ne doit pas être suspendue plus longtemps.

La Suisse a été particulièrement zélée : l’ordonnance Covid-19 interdisant toute manifestation était abusive et contraire au droit supérieur, entraînant une requête auprès de la Cour européenne des droits humains par la faîtière syndicale genevoise. 

Répression systématique

Depuis début mai, de nombreux·euses militant·e·s ont fait les frais de cette ordonnance. Ainsi, dès le 4 mai, celles et ceux qui ont « manifesté » dans des carrés de 4 m2 tracés au sol, respectant la distance physique et la limite à 5 personnes, se sont fait amender (750 francs !) et, pour certain·e·s, emmener au poste manu militari. Injustifiable ! La demande d’autorisation pour la Grève du climat du 15 mai a été refusée, obligeant à un repli sur une petite flashmob, et les actions du 14 juin de la Grève féministe sont en sursis.

La balade cycliste du 18 mai fait l’objet de vives menaces de répression. Quant à la Critical Mass du 29 mai, les quelques vélos présents ont été accueillis par un déploiement massif de policiers, avec contrôles d’identité, comme lors de l’action d’Extinction Rebellion du 20 mai. Enfin, un rassemblement lundi 1er juin contre les violences policières racistes aux USA a fait l’objet d’une répression sévère, avec plusieurs activistes emmenés au poste. Là encore, des amendes devraient tomber.

Tendances lourdes et dérives autoritaires

Cette inflation répressive révèle que certain·e·s semblent avoir pris goût à la « prise de contrôle » sur la société qui a pu être exercée durant le semi-confinement. Même si un assouplissement progressif des limites aux rassemblements a été annoncé, ces derniers épisodes s’inscrivent dans une tendance de criminalisation des manifestations où, en imposant aux organisateurs·trices des exigences toujours plus lourdes, les autorités semblent vouloir museler toute contestation. La résistance contre ces dérives autoritaires s’organise.

Thibault Schneeberger