Coronavirus – femmes sans-papiers

La triple peine

Face à la crise sanitaire, le Collectif de femmes sans-papiers de Genève a publié un appel alarmant avec l’appui du Centre de contact Suisses-Immigrés.

Caravane de solidarité Genève
Les femmes sans-papiers étaient très représentes dans les files d’attente de la distribution de la Caravane de solidarité à Genève.

Ce n’est pas une surprise mais elle n’en est pas moins urgente : la crise sanitaire du Covid-19 a aggravé la précarité des plus démuni·e·s. Face à cette situation, un appel à la solidarité a été lancé par le Collectif des femmes sans-papiers de Genève, un groupe de mères de famille et de travailleuses migrantes venant de pays du Sud global, qui s’est formé à l’occasion de la Grève des femmes de juin 2019. La plupart travaillant dans l’économie domestique (ménage, garde d’enfants, soin aux aîné·e·s,…), elles dépeignent une situation aussi absurde qu’inquiétante. Alors que les mesures de confinement sont appliquées dans les foyers de leurs employeurs·euses (pour la sécurité de ces derniers·ères évidemment), ces femmes deviennent, du fait des déplacements quotidiens et de l’accès difficile à la santé et aux informations sanitaires, des vecteurs de contagion pour leur famille mais aussi – forcément – pour celles de leurs patron·ne·s. 

Beaucoup d’entre elles se retrouvent aussi sans travail, licenciées de manière arbitraire et sans préavis ni prise en compte de la relation de travail qui existait jusqu’alors. Les contrats, le plus souvent absents, sont inutiles quand ils existent. Ne reste que le bon vouloir de l’employeur·euse, et le sentiment de devoir accepter sa charité. Ces cheffes de famille sont aussi souvent le seul soutien de leurs familles restées au pays. Et ici, à Genève, elles luttent pour obtenir un titre de séjour, payer leur loyer et nourrir leurs enfants. « Invisibles » pour l’État mais actives, elles contribuent à l’économie suisse par leur travail, mais également à travers l’aide qu’elles offrent aux jeunes et aux aîné·e·s.

« La Suisse, pays de défense des droits humains, ne peut se permettre de risquer la vie et les moyens de subsistance des plus vulnérables », plaident les signataires en appelant les associations, syndicats, ONGs, institutions, collectifs de citoyen·ne·s à se prononcer en faveur de plusieurs revendications. Parmi ces dernières, la révision et l’assouplissement des critères de régularisation pendant cette crise sanitaire mondiale, l’arrêt de la criminalisation des personnes sans permis de séjour ou des personnes qui font preuve de solidarité à leur égard, ainsi que le droit au subside cantonal d’assurance maladie pour les adultes sans statut légal et l’accès aux soins garantis.

Laura Hunter