Contre l’austérité et pour le service public

Collage vers une rentrée de luttes

La crise économique s’approfondit. Selon les derniers chiffres du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le taux de chômage se situait à 3,2 % en juin 2020, soit 53 067 chômeurs·euses de plus qu’un an auparavant. Or, le chômage est provisoirement contenu grâce aux mesures exceptionnelles de dédommagement des réductions de l’horaire de travail (RHT). En avril 2020, celles-ci ont touché 1 077 041 personnes ! Dix fois plus que lors de la crise économique de 2008–2009.

Les prévisions du SECO tablent pour 2020 sur un recul du PIB de 6,2 % et sur un taux de chômage de 3,8 %, ce qui représenterait selon leurs expert·e·s la plus forte baisse de l’activité économique depuis 1975. Pourtant, durant les premières semaines du semi-confinement en Suisse, de nombreux·euses expert·e·s, journalistes, et économistes indiquaient que la période de récession serait de courte durée et la reprise rapide dès la fin des mesures de confinement. Cette idée repose sur le postulat que l’appareil productif (les machines, les usines et les lieux de travail), contrairement à une situation d’après-guerre ou de catastrophe naturelle, est intact. Ainsi la reprise ne nécessiterait pas un effort de reconstruction retardant la relance de l’économie, il suffirait de « redémarrer la machine »

Mais l’économie mondialisée est de plus en plus dépendante des chaînes de valeur globales, sur le modèle du zéro stock. Ces principes nécessitent une coordination intense, assurant une disponibilité rapide des différents composants nécessaires à la production d’une marchandise. Or, les mesures de confinement ne sont pas toutes les mêmes à l’échelle du globe et sont asynchrones. L’économie mondiale est désaccordée. En outre, nous ne sommes pas à l’abri d’une deuxième vague et de nouvelles mesures de confinement. La récession sera très certainement plus longue que ce que nous prédisaient et prédisent encore les économistes.

Face à celle-ci, le patronat, les actionnaires et leurs relais politiques veulent faire payer les travailleurs·euses. Les entreprises licencient massivement à l’image de l’hôtel Richemond et d’XPO Logistics à Genève (voir page 7). Des pressions de plus en plus fortes se font sentir contre le maigre droit du travail. 

Le programme de la droite est clair : baisse des salaires et augmentation du temps du travail. De plus, elle est à l’offensive pour la mise en place de mesures d’austérité. La santé et les droits sociaux coûtent trop cher, nous dit-on. Cependant, lorsqu’il s’agit de socialiser les pertes et de privatiser les bénéfices, les mêmes acceptent l’engagement de sommes considérables de la part de la Confédération. 

Contre les licenciements et les mesures d’austérité, une première riposte consiste à soutenir les soignant·e·s en lutte. Face aux refus et aux silences coupables de nos autorités en réponse aux demandes d’une prime coronavirus pour les soignant·e·s, dont les droits ont été suspendus durant la vague du Covid-19, un appui fort aux travailleurs·euses de la santé en lutte sera nécessaire. Afin de transformer nos applaudissements en solidarité concrète, mobilisons-nous pour une revalorisation réelle du secteur public. 

Cette mobilisation peut être le point de départ d’une bataille plus large pour la sauvegarde des emplois dans les entreprises, pour de bonnes conditions de travail et les droits de tou·te·s les travailleurs·euses.

Julien Nagel