Les femmes en première ligne de par le monde

Pendant que les mobilisa­tions du 8 mars 2021 s’organisent à travers toute l’Amérique latine, les Polonaises continuent de réclamer le droit à l’avortement dont elles ont été privées. Les Belges et Italiennes préparent leur grève féministe. Mais les femmes sont également engagées en première ligne d’autres mouvements sociaux actuellement en cours en Asie, comme elles l’ont toujours été. 

Bravant l’interdiction visant à les éloigner des manifestations alors qu’elles représentent la majorité de la force de travail agricole (sans posséder les terres, bien sûr !), les femmes indiennes se mobilisent massivement. Par leur très forte participation, elles défient les stéréotypes patriarcaux. Elles font usage des outils classiques comme les piquets de grève et construisent une solidarité transcendant les castes, professions et religions. Leur lutte démontre leur place incontournable.

En Birmanie, les femmes de tous les âges occupent une place centrale dans le mouvement social, se déclarant inarrêtables et signalant que les autorités « se sont attaquées à la mauvaise génération ». Une grande partie des participant·e·s à la grève générale suite au coup d’État étaient des travailleuses. Ce sont dans la plupart des cas les femmes qui mènent le combat pour la démocratie, les plus jeunes étant particulièrement visibles. 

Les jeunes femmes étaient aussi une force dominante dans les luttes en Thaïlande à l’automne 2020, représentant une majorité dans les manifestations. Elles y ont entre autres porté des revendications féministes, par exemple pour la justice reproductive, et dénoncé la suprématie masculine régnant au sein des institutions thaïlandaises comme l’armée, la monarchie et les monastères bouddhistes. Symptôme de leur pouvoir subversif, la répression s’abat fortement sur elles.

Les femmes marquent ainsi les luttes sociales à travers le monde, mais ce n’est pas une nouveauté : elles ont traversé l’histoire en occupant une place fondamentale dans les révolutions et luttes démocratiques et de classe. Elles ont rejoint ou pris la tête des insurrections ayant mené à la révolution haïtienne, culminant avec la fin de l’esclavage en 1804. La révolution russe en 1917, elle, a commencé grâce aux femmes, un 8 mars. 

Plus récemment, les féministes noires ont donné au mouvement pour les droits civils aux États-Unis sa puissance et ses succès. Les indigènes et les paysannes sont primordiales dans les luttes pour la terre et pour la défense de l’environnement en Amérique latine et les femmes sont également porteuses des changements de fond lors des révolutions au Maghreb et au Machrek . Les organisations et collectifs féministes ont joué un rôle clé dans la deuxième vague des soulèvements populaires au Soudan, en Algérie, en Irak et au Liban, ainsi qu’en Biélorussie en 2020. En Suisse, les féministes sont l’une des forces politiques les plus importantes du moment, ayant carrément redéfini le débat public sur l’initiative dite anti-burqa. 

La pandémie a confirmé que nous effectuons le travail « essentiel », rémunéré comme non-rémunéré, permettant aux sociétés de fonctionner, même en temps de crise. En bref, nous, les femmes, sommes au front partout et indispensables à la lutte des classes. Nous remettons en question l’ordre social et nous attaquons au système patriarcal et à sa racine capitaliste.

À l’occasion de ce 8 mars, nous célébrons toutes les guerrières féministes en lutte, dans l’histoire et dans le monde, unies dans la sororité et la solidarité internationaliste ! La révolution sera féministe ou ne sera pas !

Aude Spang