Arrêtons le nucléaire maintenant
À l’occasion des 50 ans de la première manifestation contre la Centrale nucléaire du Bugey, nous étions sous la pluie avec Sébastien Bertrand, membre du groupe écosocialiste de solidaritéS, Philippe de Rougemont, secrétaire général de Sortir du nucléaire Suisse romande et Philippe Poutou, candidat du NPA à l’élection présidentielle française.
Sébastien, que s’est-il s’est passé il y’a 50 ans ? La manifestation de 15 000 personnes au Bugey en 1971 a constitué une étape essentielle de la montée de la conscience et des mobilisations anti-nucléaires. Un réacteur est alors en voie d’achèvement. Mais ce qui fait surtout réagir les habitant·e·s réuni·e·s dans le comité « Bugey-Cobayes », c’est que l’on prévoit déjà d’y implanter quatre nouveaux réacteurs encore plus puissants, annonciateurs du tournant industriel du nucléaire, c’est-à-dire de la logique capitaliste, encore plus effrayante et moins soucieuse de la sécurité que la logique militaro-industrielle. Cela inspirera côté suisse un groupe « Verbois-Cobayes » contre l’implantation d’une centrale à Genève.
Philippe de Rougemont, le nucléaire c’est la solution à la crise climatique ? Plus nous comprenons l’ampleur de la catastrophe climatique, plus notre besoin d’une solution rapide grandit. L’industrie nucléaire l’a bien compris. Son lobby communique pour confondre dans nos consciences le nucléaire avec la solution climatique. Prolonger les vieilles casseroles nucléaires nous met en grave danger et le plan de l’UDC de construire de nouvelles centrales prendrait de toute façon 20 ans : trop tard pour le climat ! Remplacer un poison (CO₂) par un autre poison (radioactivité) ? Non merci ! Répondre à la crise de système par le nucléaire ? On vaut mieux que cela. La réponse, c’est la sobriété et les renouvelables décentralisés.
Philippe Poutou, « toi Président » tu arrêterais les centrales. Le risque, c’est de priver des salarié·e·s de leurs emplois ? Il faut amorcer dès maintenant une sortie du nucléaire en stoppant déjà tous les réacteurs qui ont passé l’âge de raison. Cette sortie ne peut se faire que sur des années. L’arrêt des centrales et le démantèlement des réacteurs, sans oublier le traitement des déchets, occuperont un très grand nombre de salarié·e·s pendant des décennies. Pas de quoi s’inquiéter pour l’emploi mais en assurant une reconversion vers les énergies renouvelables. Et pour garantir à la fois la protection de l’environnement, la santé de la population et des salarié·e·s et des emplois pour toutes et tous, il faut un véritable service public de l’énergie qui enlève au privé sa capacité de nuire avec sa logique de rentabilité et de profits.
Propos recueillis par Thomas Vachetta