Une carte de réduction des inégalités pour les femmes

Le débat sur les inégalités salariales est relancé en ville de Genève, grâce au vote sur une carte de réduction exclusivement réservée aux femmes, baissant de 20 % les prix d’entrée dans les lieux culturels et dans les centres sportifs de la ville. 

Pancarte Il est temps que l'égalité devienne une réalité
Grève féministe du 14 juin 2019, Lausanne

Afin d’attirer l’attention sur l’injustice des inégalités salariales – les femmes suisses sont en moyenne payées près de 20 % de moins que les hommes – une trentaine d’élu·e·s du Conseil Municipal avaient déposé au printemps 2019, dansl’enthousiasme de la préparation de la Grève féministe du 14 juin, une motion demandant une carte de réduction de 20 % pour les femmes. Sa mise à l’ordre du jour le 9 février 22 a provoqué un débat houleux. Contre une droite déchaînée scandant « Ruine de la Ville ! », « Appel à la haine ! », « Discrimination des hommes ! », « Illégal ! », etc., il nous a fallu rappeler que le féminisme n’a jamais tué personne, contrairement au patriarcat. Finalement cette mesure symbolique et un brin provocatrice a été clairement acceptée.

La réalité salariale des femmes 

Si la loi sur l’égalité (LEg) entrée en vigueur en 1996 interdit toute discrimination salariale d’une personne en raison de son sexe, 25 ans plus tard elle est toujours loin d’être respectée. Les différences salariales demeurent : en moyenne de 19,6 %, un peu plus basses à Genève que dans d’autres cantons, moindres dans les administrations publiques que dans le privé, plus hautes pour les cadres. Selon les syndicats, elles ont même une tendance à augmenter ces dernières années, comme c’est le cas dans d’autres pays européens.

Et à la retraite les différences s’accentuent avec un écart moyen de 37 %, (AVS : 0,61 %, 2epilier : 40,40 % pour la rente et 56 % pour le capital, 3e pilier : 27 %). 

Les inégalités financières se répercutent aussi dans l’accès aux prestations dans les domaines culturel et sportif. Une femme gagnant 20 % de moins, toute entrée culturelle ou sportive lui coûtera plus cher en pourcentage de son revenu qu’à son collègue homme. 

De plus, cette carte attirera quotidiennement l’attention sur les répercussions des inégalités entre femmes et hommes. Une mesure provocatrice ? Oui, sans doute et il le faut. Personne ne s’indigne quand la loi sur l’égalité n’est pas respectée, quand les femmes paient une « taxe rose » (différence de prix pour les produits destinés aux femmes) ou quand 70 % des dépenses de la Ville pour le sport vont à des sports pratiqués par des hommes. Par contre, si on propose une petite mesure compensatoire, c’est l’indignation.

Cette mesure étant liée à la situation de discrimination actuelle, elle prendra fin dès qu’il n’y aura plus de différences salariales.

Ce symbole des inégalités a frappé fort, car il a déclenché une tempête médiatique  en Suisse et à l’international.

Brigitte Studer    Maryelle Budry