Appel de la LCR pour une nouvelle force anticapitaliste & radicale

Appel de la LCR pour une nouvelle force anticapitaliste & radicale


Nous vivons des moments d’intenses secousses politiques. La gauche plurielle a été rejetée par l’électorat populaire, révolté par sa politique d’adaptation au capitalisme libéral. Et nous avons subi, comme des millions de jeunes, de femmes, de salariés, d’immigrés, de chômeurs et de précaires, le choc du Front national sur les marches du pouvoir.



Mais, après le premier tour de la présidentielle, la jeunesse, puis des centaines de milliers de personnes – le peuple de gauche – sont entrées en mouvement. Une foule immense s’est rassemblée le 1er Mai. Un nouvel espoir s’affirme. Une autre gauche, unitaire et radicale, cherche la voie d’une nouvelle représentation politique. D’instinct, elle a occupé la rue, sachant que l’égalité, la justice, la liberté, sont des combats qui dépassent le cadre des élections. En même temps, une immense soif d’échanges, de débats, s’est exprimée: assemblées et réunions mobilisent des personnes qui jusqu’ici n’avaient pas d’engagement politique.



Une prise de conscience grandit sur les causes des reculs. Ils viennent de loin. Trop de promesses, trop de repères ont été piétinés par les gouvernements de gauche depuis vingt ans. Ils ont privatisé les services publics, accompagné le démantèlement de la Sécurité sociale, renforcé la flexibilité du travail, poursuivi la construction d’une Europe libérale tournant le dos aux aspirations populaires. Le mouvement ouvrier, les acquis sociaux sont affaiblis par le libéralisme, la concurrence sauvage, la violence sociale, incarnés par le Medef, la mondialisation capitaliste, la droite arrogante. Le risque raciste, fasciste, antisocial, antidémocratique gangrène des secteurs de la société. Chez tous ceux et toutes celles qui se sentent méprisés, abandonnés, sans revenu décent, sans droit, trop de reculs ont été subis.



Le temps presse pour reconstruire une nouvelle perspective, politique. II faut une nouvelle force politique à gauche! Les scores de l’extrême gauche à l’élection présidentielle, les débats qui secouent toute la gauche, les mobilisations de rue, une volonté d’intervention politique retrouvée témoignent qu’une opportunité existe qu’on ne saurait laisser échapper.



La LCR a la volonté de se transformer, mais elle ne prétend être à elle seule la réponse à l’exigence d’une force nouvelle. En revanche, elle s’affirme disponible pour oeuvrer à construire celle-ci avec celles et ceux qui partagent cette même préoccupation. Pour avancer, le débat doit s’engager. Notre conviction, c’est que les réponses sociales, démocratiques, politiques doivent être à la hauteur d’une situation d’urgence:

  • urgence sociale (salaires, revenus, retraites, Sécurité sociale, interdiction des licenciements, droit à l’emploi);
  • urgence écologique (abandon des OGM, de la filière nucléaire, des technologies dangereuses pour la santé et l’environnement);
  • égalité des hommes et des femmes, dans l’emploi, la vie quotidienne et politique;
  • nouvelle répartition des richesses, réforme fiscale, baisse du budget militaire;
  • priorité aux services publics, blocage des privatisations, extension européenne et appropriation sociale des services essentiels;
  • urgence démocratique avec la sortie de la Ve république et l’ouverture de droits de contrôle étendus à tous les citoyens
  • nouvelle dynamique européenne, passant par la rupture avec l’Europe du Pacte de stabilité;
  • pour un mouvement international coordonné contre la mondialisation libérale, l’abolition de la dette et un redéploiement des richesses en faveur des pays du Sud;
  • contre l’offensive guerrière de l’impérialisme, pour les droits de tous les peuples, notamment le droit du peuple palestinien à un État souverain;
  • contre la domination néocoloniale française en Afrique.


Ces propositions, qui ont déjà rassemblé des milliers de personnes dans les luttes sociales, notamment depuis 1995, ne constituent pas un projet achevé ni un modèle de société, mais une perspective de lutte et d’action qui oppose la satisfaction des besoins sociaux à la logique capitaliste, qui rend prioritaire le droit à l’existence sur la propriété privée et les actionnaires. Une telle perspective prépare les luttes d’aujourd’hui et de demain, afin de remettre en cause la domination du patronat sur l’ensemble des activités économiques, sociales et politiques.



Nous proposons que, dans un premier temps, s’organisent des forums locaux et régionaux, «La gauche plurielle a failli, vers une gauche radicale et anticapitaliste», à partir d’appels portés en commun par toutes celles et tous ceux qui seront d’accord, organisations de la gauche révolutionnaire et radicale, courants de la mouvance alternative et libertaire, des groupes anticapitalistes locaux et régionaux, militants socialistes, communistes, écologistes désireux d’une nouvelle donne politique, militantes et militants du mouvement social, syndicalistes, féministes, associatifs… Des premières initiatives dont il faudra, ensemble, tirer les enseignements pour en envisager d’autres, plus ambitieuses.



paru dans ROUGE du 23 mai 2002