Enquête romande: discrimination envers les homos

Enquête romande: discrimination envers les homos


VoGay, l’association vaudoise de personnes concernées par l’homosexualité1, a lancé en 1999 une enquête sur les discriminations envers les gays et lesbiennes en Suisse romande, dont les résultats ont été publiés récemment2. Ce travail est à notre connaissance une première dans le dossier des revendications de la communauté homosexuelle suisse et dans le cas romand pour la reconnaissance de ses droits humains. Petit aperçu.



Près de huit cents personnes, dont 46% de femmes, ont répondu à cette enquête. Parmi les répondant-e-s 13.5% sont divorcé-e-s ou séparé-e-s d’un mariage hétérosexuel et 8.2% vivent avec un ou des enfants. Cet élément important donne à réfléchir sur le rejet de la reconnaissance du droit d’adoption pour les couples homosexuels dont un des partenaires -ou les deux- ont des enfants.



Selon les données, plus d’un tiers des répondant-e-s sont concerné-e-s par les agressions physiques ou verbales, dont 40% de gays. Un quart des répondant-e-s se sont senti-e-s discriminé-e-s dans le domaine professionnel, et selon les réponses, plus les gays et les lesbiennes sont visibles plus ils auraient tendance à être discriminé-e-s au travail.



Quinze pour cent des homosexuel-le-s assument leur homosexualité sur le lieu de travail, mais le couple homosexuel est inconnu des collègues de travail dans la moitié des cas. Globalement un tiers des interrogé-e-s se sont senti-e-s discriminé-e-s à l’école ou pendant la formation professionnelle, l’école étant pour les jeunes homosexuel-le-s le lieu du premier rejet et de l’acceptation par quelques camarades proches. Dans ces cas, les jeunes lesbiennes s’ouvrent assez facilement au personnel scolaire tandis que les garçons ont tendance à rester seuls avec leurs difficultés. Les familles exercent souvent des pressions pour que le-la jeune change d’orientation sexuelle – un quart se sont senti-e-s discriminé-e-s par leur familles. Cependant l’homosexualité est plus connue et plus acceptée par les familles des lesbiennes. Le père est la personne la moins informée de l’homosexualité de son enfant et, en général, les pères rejettent moins l’homosexualité de leur fille que celle de leur fils.



Deux tiers des répondant-e-s vivent ou ont vécu en couple homosexuel, un tiers vivant en couple au moment de l’enquête (1999): 50% des femmes et 29% des hommes. Une mère sur cinq et un père sur trois ne savent pas que leur enfant vit en couple homosexuel, dans la moitié des cas le thème du couple homosexuel pose des problèmes relationnels entre les homosexuel-le-s et leur famille.



«Au-delà des améliorations législatives nécessaires réalisé-e-s ou à venir, il convient de combattre des clichés et fausses croyances à la base des discriminations. L’information de la population générale, par les médias, des séminaires de sensibilisation spécifiques et par un travail en réseau avec les intervenants sociaux, politiques et syndicaux, doit être accrue.»



VoGay ajoute ainsi des éléments concrets dans la question concernant les droits humains en Suisse: il y a beaucoup à faire pour appliquer le principe constitutionnel suisse selon lequel personne ne doit subir de discrimination pour son mode de vie.



Benta-Giselda FERNANDES

  1. VoGay, nouvelle adresse: Avenue des Oiseaux 13, case 894, 1000 Lausanne Tél. 021 646 25 35
  2. Le rapport complet est accessible sur le site: www.vogay.ch