Locaux gardés vides, squats évacuésMode de vie alternatif condamné

Locaux gardés vides, squats évacués
Mode de vie alternatif condamné

Plus de 100 personnes à la rue, trois salles de concerts, une
bibliothèque, un restaurant alternatif, accueillant
débats et réunions, et une crèche disparaissent en
l’espace de dix jours. Tel est le bilan des manœuvres
estivales antisquat à Genève. La prochaine
évacuation programmée concerne le squat de
l’Arquebuse, qui a obtenu un sursis de 15 jours, demandé
par le maire de la Ville.

Le 25 août, un collectif a occupé le 5 bd
Jacques-Dalcroze, a organisé des animations culturelles et
s’est fait déloger le lendemain. Le 29 août, le
projet se poursuivait au 45 route de St-Jean, n’a vécu que
quelques heures et a été évacué brutalement
et sauvagement par les forces de l’ordre, utilisant sprays au
poivre, lacrymogènes en lieux clos et sans sommation, coup de
matraques, blessant au passage une camerawoman de la TSR et ne
lésinant pas sur les insultes.

Ces occupations d’immeubles – malheureusement
éphémères – ont reposé la question
des transformations de bâtiments d’habitation en lieux
commerciaux, et de l’occupation de ces derniers.  Les
squatteurs ont dû vider les lieux, au prétexte d’une
prétendue tradition immuable de tolérance zéro
à l’égard des occupations de locaux commerciaux.
Or, l’histoire des squats est truffée de locaux
commerciaux occupés, comme le Garage, Pfister, Artamis,Mottatom,
et bien d’autres. Cette piètre argumentation a au moins le
mérite de faire tomber les masques: le Procureur
général et le Conseil d’Etat ne prennent même
plus la peine de se cacher derrière le refrain fallacieux du
«logement social» pour jeter les gens à la rue.
Zappelli, Muller et Adjaj (l’avocat des propriétaires de
Rhino et du 5 bd Jacques-Dalcroze, le monde des spéculateurs est
petit…mais hyper-actif) se montrent toujours prêts
à se serrer les coudes pour défendre la
spéculation jusqu’à sa caricature; en effet,
comment qualifier autrement la situation de l’immeuble du bd
Jacques-Dalcroze qui a été acheté 8 950 000 Fr, en
1997, en juillet 2000 il était revendu 25 mios de Fr. et en
septembre de l’année suivante, il était
acheté pour la modique somme de 31 mios de Fr. Il faut noter que
cet immeuble est resté vide durant cette période et que
des travaux n’ont jamais été entrepris.

Genève connaît une pénurie de logements –
même si on peut estimer à plusieurs centaines le nombre
d’habitations laissées vacantes volontairement –
alors qu’il y a plus de 80000 m2 de locaux commerciaux maintenus
vides, en attente de pouvoir être loués plus cher. Dans la
constitution genevoise, il est inscrit le droit au logement et non le
droit à la spéculation. solidaritéS se bat et se
battra donc pour que le conseil d’Etat change radicalement de
politique du logement, qu’il réquisitionne les logements
et locaux vides comme le permet la LDTR, qu’il maintienne les
squats selon la doctrine habituelle, qu’il se rappelle que ce
sont les voix de gauche qui l’ont élu et donc qu’il
arrête de défendre les milieux et les
intérêts de la droite.

Marie-Eve Tejedor