Quand le politique se raccroche à la symbolique....

Quand le politique se raccroche à la symbolique….

Dans deux conférences de presse successives, tenues le
même jour, le Conseil d’Etat a annoncé la HES-Arc
à Neuchâtel et la maternité à La
Chaux-de-Fonds. L’art de ménager la chèvre et le
chou… tout le monde est mécontent, mais le monde politique
laissera passer l’orage.

L’annonce par la direction de l’Hôpital
Neuchâtelois, en automne 2006, de la fermeture des
maternités du Val de Travers et de La Chaux-de-Fonds, au profit
d’un Centre mère-enfant à Neuchâtel, avait
suscité un tollé et des mobilisations que
solidaritéS avait contribué à organiser.
L’équilibre régional inscrit dans la loi
était largment bafoué. Aujourd’hui, le Conseil
d’Etat tente de «corriger» un peu le tir… un choix
à la fois politique et symbolique: «on naîtra dans
le Haut» (Fernand Cuche, président du Conseil
d’Etat). Un geste, comme le souligne L’Express (10 janvier
2008), «destiné à faire passer la pilule de HES-Arc
basée dans le Bas».

Pour bénéficier des subsides fédéraux et
être «accréditée», l’Ecole
d’ingénieur des Montagnes neuchâteloises, dont
l’histoire est intimement liée au développement
industriel de la région, doit passer au stade HES
régionale (Neuchâtel, Jura, Berne francophone). Dans cette
négociation intercantonale, à laquelle les villes du
Locle et de la Chaux-de-Fonds, premières concernées, non
pas été associées, un consensus s’est
dégagé pour construire la HES-Arc à
Neuchâtel. Au revoir les belles envolées du Conseil
d’Etat sur les compétences séculaires des Montagnes
neuchâteloises, avancées en juin 2006, en faveur
d’une HES-Arc dans le Haut, pour faire passer une autre pilule
amère: l’abandon de la musique professionnelle dans le
canton de Neuchâtel…

Nous avons toujours défendu des maternités de
proximité, la centralisation ne se justifiant que pour les
infrastructures lourdes, indispensables pour les rares naissances
à risque (cf. solidaritéS 113). La décision
annoncée signifie des travaux engagés rapidement à
La Chaux-de-Fonds pour la rénovation de l’Hôpital,
qui devraient aboutir à l’ouverture du centre cantonal
mère-enfant en… 2015.

Mais que se passera-t-il en 7 ans? Gageons que le bâtiment
destiné à accueillir le Centre mère–enfant
se construira. Coût évalué à environ 55
millions (Le Courrier, 10 janvier 2008). Mais 2015, c’est loin,
et on sait qu’il ne suffit pas de beaux murs et d’un
bâtiment bien conçu pour finaliser un projet!
L’Hôpital de la Providence fait les frais de ces
décisions – puisque de partenaire de l’Hôpital
Neuchâtelois il en devient concurrent – il n’attendra
pas les bras croisés… Il sait déjà qu’en
2015, la suppression de la maternité de Neuchâtel pourrait
lui offrir sur un plateau une clientèle. Restera à
convaincre les jeunes femmes qu’une assurance privée leur
est nécessaire… La politique du Conseil d’Etat
menée au nom des accords de Bologne et du frein à
l’endettement fait décidément des dégats.
Résistance!

Henri Vuilliomenet