Forcer le Conseil d’Etat à subventionner des crèches

Forcer le Conseil d’Etat à subventionner des crèches

500 parents, employées de la
petite enfance et bambins qui montent au Château en milieu de
semaine, pour accueillir les député-e-s, voilà qui
n’est pas courant. Cette mobilisation met en évidence le
problème lancinant de l’insuffisance de structures
d’accueil pour la petite enfance dans le canton.

La loi adoptée par le peuple en 2001 à 80% des votants
prévoyait la création de 2000 places de qualité
jusqu’en 2006 avec pour objectif «de faire correspondre
l’offre et la demande en matière de places d’accueil
de qualité subventionnées (environ 2800)». Mais le
Conseil d’Etat élu en 2005, obnubilé par les
économies à faire pour «équilibrer les
finances publiques», a décrété un moratoire
sur les subventionnements des structures d’accueil
préscolaire, ce qui fait qu’en 2008 nous sommes loin du
nombre de places promises pour… 2006. Comme la loi n’est
pas appliquée, un comité de parents a
déposé une initiative cantonale qui demande que
l’Etat de Neuchâtel garantisse à chaque enfant une
place dans une structure d’accueil de qualité, en horaire
élargi (12 heures par jour). Le Conseil d’Etat, conscient
du mécontentement qui gronde, a promulgué des
arrêtés permettant d’augmenter l’offre sans
bourse délier. Fin novembre 2007, il a pris une série de
mesures: réduction de 4 à 3 mètres carrés
de l’espace à disposition par enfant, et
«assouplissement» des normes d’encadrement minimales.
Ainsi peut-il créer 160 places supplémentaires à
coût constant.

Du coup le Conseil d’Etat met en colère à la fois
les parents, qui non seulement ne trouvent pas de place en suffisance
pour la garde de leurs enfants, mais voient la qualité de
l’encadrement se dégrader, et les employées des
crèches, à qui l’on impose une surcharge de travail.

Si les manifestants sont montés au Château, c’est
qu’à l’ordre du jour du Grand Conseil il y avait la
discussion sur l’initiative déposée en octobre. Le
Conseil d’Etat voulait la réduire à une simple
mesure d’enregistrement formel de l’initiative, sans
discussions. Une majorité de député-es (PS, POP,
Verts, Solidarités) l’a contraint à ouvrir la
discussion, même s’il a botté en touche en renvoyant
les députés aux décisions sur le budget.

Marianne Ebel

Extrait de l’intervention de Claudine Stähli Wolf, députée du groupe PopVertsSol

«Concernant l’initiative, nous constatons que le Conseil
d’Etat a déjà pris position sur le fond en prenant
plusieurs arrêtés qui vont exactement à contresens
de ce qu’elle vise.(…)

– le passage de 10 à 15 enfants par adulte pour
l’encadrement des enfants dès 4 ans va empêcher une
prise en charge de qualité. Selon l’âge des enfants,
les moments passés en accueil parascolaire seront du simple
gardiennage. Ajouté à la perte de 1m2 pour chacun
d’eux, ils ne pourront pas se détendre et bouger comme les
enfants ont besoin de le faire. Et ce n’est pas une
décision de l’Etat qui va changer cette
réalité.

L’initiative demande des places de crèches en plus grand nombre, mais des places de qualité! (…)

En plus d’aller à contresens de l’initiative, le
Conseil d’Etat renonce à appliquer la loi, qui est encore
en vigueur.

Que se passera-t-il si l’initiative est acceptée?
L’Etat va-t-il reculer? Ou maintiendra-t-il sa vision au rabais
de l’accueil des enfants?»