Un peu d'humanité dans un contexte toujours plus inhumain


Un peu d’humanité dans un contexte toujours plus inhumain


Depuis le départ du Centre d’enregistrement pour Vallorbe, où se trouvent les requérant-e-s- d’asile à Genève?

Maryelle Budry

Dans la trouble zone de transit de l’aéroport de Cointrin, où on les retient ou d’où on les expulse, dans la prison de Favra, où on les enferme sous mesure de contrainte en attendant leur expulsion, et enfin dans des foyer gérés par l’Hospice général quand elles et ils ont été attribué-e-s au canton de Genève si leur première demande a été agréée par la Confédération pour examen. Le principal foyer se trouve aux Tattes, dans la zone industrielle de Vernier. Cet ancien foyer pour saisonniers est à nouveau consacré au logement des plus exclus de la société. Lieu qui à première vue semble inhospitalier, évoquant l’enfermement et la promiscuité, mais où se développent aussi des solidarités, des amitiés, des espoirs.


Et surtout depuis peu une vieille maison pleine de charme située en face des Tattes offre accueil, convivialité, loisirs, informations aux requérant-e-s d’asile. Cette maison prend la relève de la petite caravane, la Casagora, placée devant le CERA à l’avenue de la Praille, où les gens arrivant à Genève trouvaient un peu de réconfort et d’information sur leur sort. Tant la case que la Maison de la Croisette sont gérées par l’AGORA, l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérant-e-s d’asile, qui comprend une équipe de 4 professionnel-le-s et un grand nombre de bénévoles. Les aumôniers et les aumônières ont le droit, peu partagé, de pénétrer dans les zones interdites au public, comme le transit et la prison. Leur présence représente une petite garantie d’humanité et de respect du droit élémentaire. Autre hôte de la Maison de la Croisette le réseau ELISA, indépendant des églises et de toute subvention, qui par l’action de ses mandataires bénévoles, assuré un soutien juridique dans les demandes d’asile, y compris à l’aéroport. Actuellement ce réseau se transforme, vu le départ du CERA, en réseau d’«asilonautes», c’est-à-dire de béné-voles qui pilotent les réquérant-e-s dans la constitution d’un dossier argumenté et les soutiennent moralement, dans le but d’obtenir l’asile en Suisse.


Ce travail de fourmi se résumant parfois tout simplement à une présence amicale et d’autre fois se transformant en combat juridique jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme1 est aussi un travail politique. Il signifie de la part de citoyennes et de citoyens leur engagement contre des lois inhumaines votées par la majorité du peuple suisse. Et cette opposition subsistera jusqu’à ce que les Suisses et les Suissesses reviennent sur leurs décisions.



  1. Nous insistons pour qu’une autre terminologie plus respectueuse des femmes soit adoptée !