Première victoire du refuge de Bellevaux


Première victoire du refuge de Bellevaux


Le 3 septembre, le mouvement «En quatre ans on prend racine», suspendait le refuge de l’église de Bellevaux à Lausanne, quatre mois après sa constitution. En effet, l’Etat déclarait renoncer à toute expulsion pendant la durée des négociations. Premier bilan.*

La garantie donnée par le Conseil d’Etat, lors de la rencontre du 27 août dernier, de n’expulser aucun-e membre kosovar-e du mouvement, pendant le temps des négociations, rend inutile le maintien du refuge en tant que lieu de protection. L’assemblée générale a donc décidé la suspension du refuge, aussi longtemps que l’Etat conserve notre confiance. (…) Toutefois, bien que le refuge soit suspendu, le mouvement ne se met en aucune façon en stand-by. Nous continuerons à la fois à mener notre action autonome et à collaborer avec les autres collectifs de sans-papiers et de soutiens aux sans-papiers de Suisse, existants ou à créer. Concrètement, nous investirons davantage d’énergie dans le rassemblement hebdomadaire de solidarité à la Place de la Palud et plancherons, lors des prochaines assemblées, sur d’autres actions à réaliser, mais aussi sur le travail à effectuer en vue des rencontres du groupe de travail mis en place par l’Etat. Nous entendons prendre une part active lors des prohaines échéances locales et nationales. (…) Nous nous déplacerons en masse à Fribourg, samedi 15 septembre, pour la première manifestation nationale pour la régularisation des sans-papiers. Nous avons mis en place un comité, composé de personnes kosovares et de personnes de soutien. Il se chargera notamment des tâches accomplies jusqu’ici par notre coordinatrice, Sandra Antrilli, qui quitte son poste pour un retour, planifié de longue date, sur les bancs d’école. La fréquence des assemblées générales sera fixée, lors de la prochaine, qui aura lieu le mardi 18 septembre. (…)


Il a permis notamment:


  • d’éviter le renvoi des neuf personnes entrées dans le refuge et pour qui des solutions sont recherchées;
  • de stopper les arrestations et les renvois des autres membres kosovar-e-s du mouvement;
  • de prolonger les autorisations de séjour;
  • d’obtenir des prolongations des attestations de séjour supérieures à 10 ou 15 jours;
  • de faire admettre aux autorités que les lois inadéquates doivent être contournées (avant d’être changées);
  • de mettre la question des sans-papiers à l’agenda politique suisse;
  • de montrer la communauté kosovare sous un jour plus réaliste et humain que les caricatures xénophobes;
  • de contraindre l’UDC à demander publiquement que la Suisse soit davantage un pays d’immigration;
  • de montrer que la lutte collective peut être gagnante;
  • de forcer le Conseil d’Etat à nous reconnaître comme un interlocuteur incontournable;
  • de montrer que la cohabitation entre Suisse-sses et Kosovar-e-s est non seulement possible, mais qu’elle nous a tou-te-s enrichi-e-s au long de ces quatre mois, en permettant des rencontres inoubliables et des amitiés durables.

Le total des dons reçus en plus de 4 mois de refuge se monte à environ 100’000 francs. Résultat impressionnant atteint grâce à la générosité et à la solidarité de près de mille privé-e-s et organisations. Cette somme a permis d’assumer les 89’681,50 francs de dépenses, y compris le remboursement des dettes accumulées avant l’ouverture du refuge. Pour leur part, les membres kosovar-e-s du mouvement ont réussi à verser, malgré la faiblesse de leurs revenus, 7% du montant total, c’est-à-dire à peu près le salaire de la coordinatrice.

* Extraits du communiqué de presse du 3 septembre de «En quatres ans on prend racine»


Pourquoi le mouvement «En quatre ans on prend racine»


Depuis une année et demie, le mouvement «En quatre ans on prend racine» agit pour que 157 personnes kosovares, vivant en Suisse depuis plus de quatre ans, obtiennent un permis de travail et de séjour stable. Deux pétitions ont été déposées, au Conseil d’Etat et au Grand Conseil. Malgré le large soutien obtenu par la seconde pétition, le canton a quand même tenté d’effectuer les renvois. Le mouvement a organisé des accompagnements afin d’éviter les arrestations. Malheureusement, deux personnes ont été renvoyées de force au Kosovo, après sept ans d’absence. Pour l’instant, et grâce au refuge, les 150 autres personnes ont vu leur séjour prolongé. (…) Les flux migratoires de l’asile et du travail s’entrecroisent sans cesse et c’est pourquoi les 157 personnes du mouvement “En quatre ans on prend racine” ont leur place bien précise dans la lutte générale pour la régularisation de tous les ans-papiers. Ce mouvement s’est constitué à la demande de personnes kosovares qui vivent en Suisse depuis longtemps et qui y travaillent, mais qui étaient renvoyées au 31 mai 2000, sans égard pour tout le temps passé dans notre pays.


Sandra Antrilli, ex-coordinatrice