Campagne du 2 décembre - Deux alternatives à Armée XXI

Campagne du 2 décembre


Deux alternatives à Armée XXI


Le 2 décembre, le peuple suisse pourra se prononcer sur les deux initiatives du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), l’une prônant l’abolition de l’armée, l’autre la création d’un service civil volontaire pour la paix.

Sébastien L’haire

Les deux textes proposent une alternative crédible à la dissuasion armée et à la résolution militaire des conflits. En ce sens, elles s’opposent radicalement au projet d’Armée XXI proposé par les autorités helvétiques.


Le 26 novembre 1989, 35,6% des citoyen-ne-s de ce pays votaient OUI à la première initiative pour une Suisse sans armée. Depuis, le monde a radicalement changé. L’URSS a disparu, les USA restent la seule grande puissance. De nouveaux conflits ont fait rage, notamment suite à l’éclatement de l’Union soviétique et de la Yougoslavie. La globalisation néolibérale fait d’énormes ravages en prônant des politiques d’économies qui touchent les besoins fondamentaux des populations, et bien moins les budgets militaires.


Les attentats du 11 septembre ont prouvé une fois de plus que les armées sont impuissantes face au terrorisme. La sécurité passe notamment par une politique de paix active, qui soutient les droits humains, répond aux besoins vitaux des habitant-e-s de la planète et s’appuie sur la société civile pour prévenir les conflits.


L’armée suisse a aussi subi de profondes transformations. Armée 95 lui a fait subir une cure d’amaigrissement, Armée XXI poursuivra la baisse des effectifs. Depuis le 10 juin passé, la Suisse peut désormais envoyer des soldats armés dans des opérations internationales de maintien et d’imposition de la paix, sous la houlette de l’ONU ou de l’OSCE. La neutralité n’est plus qu’une coquille vide, si elle a jamais eu du sens! L’armée veut désormais s’intégrer dans le système de sécurité occidental, au service des grandes puissances économiques.


Une Suisse sans armée…


Une telle politique n’est pas inéluctable. Les initiatives proposent une alternative crédible. L’initiative “Pour une politique de sécurité crédible et une Suisse sans armée” concerne la politique de sécurité de la Confédération. Comme avec l’initiative de 1989, l’armée est abolie, ses activités sont immédiatement suspendues, et l’aide en cas de catastrophe est transférée aux civils. Seul bémol, des troupes armées peuvent être conservées pour des interventions en faveur de la paix à l’étranger; cependant, ces opérations devront être clairement spécifiées dans une loi, qui sera obligatoirement soumise à votation populaire


Comme contribution de la Suisse à la paix dans le monde, l’initiative prône la réduction des conflits, à travers la démocratie, les droits humains, les solutions non violentes des conflits, la protection de l’environnement et la répartition plus équitable des ressources.


… et un service civil volontaire pour la paix


L’initiative “la solidarité crée la sécurité: un service civil volontaire pour la paix” porte sur le volet citoyen de la réduction des conflits. Les conflits sont inévitables, mais ils doivent être résolus sans violence. La Confédération finance un service civil volontaire pour la paix (SCP), dont le but est la détection précoce, l’observation et la résolution pacifique des conflits, notamment à travers l’accompagnement de personnes en danger, la médiation entre parties en conflit ou le soutien aux forces locales qui s’engagent pour des solutions non militaires. Ses interventions et sa gestion seront assurées et décidées par un pool d’organisations


L’initiative prévoit trois niveaux de réalisation:



  • une formation de base gratuite ouverte à toute personne résidant en Suisse, pour apprendre à gérer et désamorcer des situations de violence.
  • d’après les besoins, des formations de base et de perfectionnement sont offerts aux volontaires qui veulent s’engager dans le SCP. Ainsi, un pool de volontaires qualifiés sera à disposition.
  • des civilistes peuvent s’engager dans des situations de conflit, dans le cadre d’organisations non gouvernementales (ONG). Ces interventions doivent être demandées par des parties en conflit ou des acteurs locaux ou internationaux impliqués sur place, et se faire en collaboration avec des organisations locales. On peut imaginer des missions d’observation d’élections, de protection de personnes en danger ou des projets de reconstruction et de retour à la normale après une guerre…

Nos deux initiatives proposent donc de contribuer à un changement radical de société. Les instruments de la démocratie directe nous permettent de poser des questions fondamentales, de débattre de l’orientation du monde et des inégalités qui paraissent de manière de plus en plus flagrante et qui continuent à causer des conflits meurtriers.


Ce texte est une adaptation d’un texte plus long paru dans le numéro 51 du journal du GSsA, à consulter sous www.gssa.ch, où vous pouvez également consulter d’autres textes sur les initiatives.