Harcèlement à lUniversité de Lausanne - Lassistante acquittée !
Harcèlement à lUniversité de Lausanne – Lassistante acquittée !
Après plus de quatre ans de procédure, le tribunal de police de Lausanne acquitte la femme qui sest retrouvée sur le banc des accusés à la suite dune contre-plainte déposée par le professeur. Les frais de justice ont été portés à la charge de lEtat.
Le public était nombreux lundi matin dans la salle du Tribunal de police de Lausanne. Un comité de soutien réunissant plus de 40 associations, syndicats et partis a appuyé cette femme au cours des derniers mois. Cest que lenjeu de laffaire était important. Après avoir porté plainte pour harcèlement sexuel à lencontre dun professeur avec lequel elle travaillait, cette femme se retrouve accusée de dénonciation calomnieuse. Rappelons brièvement son parcours. En 1997, elle dépose plainte au niveau interne et pénal. Lenquête disciplinaire et linstruction pénale qui la suit retournent systématiquement ses preuves contre elle et contestent sa bonne foi, ainsi que celle de ses témoins.
Lenquête disciplinaire apparaît totalement inadéquate pour traiter ce type de litige et le prononcé du conseil de discipline ne retient rien contre le professeur. Au niveau administratif, cette affaire a mis en lumière les manquements flagrants, toujours actuels, de luniversité en matière de lutte contre le harcèlement sexuel. Durant toute la procédure, lassistante est non seulement confrontée aux difficultés de prouver le harcèlement, mais aussi aux préjugés et à une méconnaissance de la justice concernant la problématique du harcèlement.
Comme cest presque toujours le cas dans les plaintes pour harcèlement sexuel, lincriminé répond par une contre plainte pour diffamation, calomnie et, dans laffaire présente, enregistrement non-autorisé de conversation, ainsi que par un commandement de payer de Fr. 120000.- Au mois davril 2001, le professeur retire sa plainte, mais la femme doit comparaître devant le tribunal, puisque lune des accusations constitue un délit poursuivi doffice.
Cette affaire illustre les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes qui déposent plainte pour harcèlement sexuel. Cest un comportement difficile à prouver, car il survient dans la plupart des cas à labri des regards et des témoins. En exigeant des preuves solides, toutes poursuivant les femmes victimes de harcèlement sexuel qui essaient den fournir, la législation place les victimes dans une situation sans issue. Le harcèlement sexuel constitue un délit, oser le dénoncer ne devrait pas être puni. Il est donc important que les personnes qui entament une telle procédure soient soutenues le plus largement possible, comme ce fut le cas ici.
Au-delà du soulagement de voir cette jeune femmes innocentée, et par là libérée dune pression qui dure depuis plus de 4 ans, la décision du tribunal met un frein à loutil de dissuasion quest la plainte pour diffamation et calomnie souvent utilisée lors des plaintes pour harcèlement sexuel. Une condamnation aurait constitué un précédent grave. En même temps, elle aurait représenté une grave menace pour toutes les victimes de harcèlement sexuel.