Le capitalisme est en manque…


Le capitalisme est en manque…


Alors que l’humanité est mise devant le fait accompli d’une nouvelle menace de guerre, il faut s’interroger sur les raisons qui poussent la bourgeoisie des Etats-Unis à déclencher un énième conflit armé, cette fois au cœur de l’Eurasie.
Les justifications officielles, que la plupart des médias reprennent comme pain béni et nous servent jusqu’à l’écoeurement, tournent autour de la défense des libertés, de la démocratie, des peuples opprimés par le terrorisme.
Si telles étaient les intentions de la plus grande puissance économique et militaire au monde, elle nous aurait depuis longtemps donné le paradis. Il n’en est évidemment rien, bien au contraire. C’est pourquoi nous devons rechercher les raisons cachées de la croisade militaire US.

François Iselin

Une odeur de Pétrole


De toutes les causes qui menacent les intérêts du capitalisme: offensives terroristes au sein même de l’Empire, récession économique imminente, mobilisation croissante des exploités et opprimés de la Planète, c’est la perspective d’une pénurie d’approvisionnement en hydrocarbures qui l’inquiète le plus. Toute l’économie nord-américaine dépend étroitement de cette ressource non renouvelable, limitée et largement importée.


De plus, si des alternatives au carburant fossile existent, elles ne pourraient être opé-rationnelles que d’ici plusieurs décennies à condition que les entreprises daignent verser une part de leurs profits dans la recherche et le développement des énergies alternatives, ce quelles ne saurait concevoir. Bush n’a-t-il pas affirmé qu’il n’était pas question pour les USA de réduire les émissions de gaz de combustion de ces hydrocarbures?


Utiliser les attentats


Les destructions et les massacres monstrueux du 11 septembre donnent aux Etats-Unis l’occasion rêvée d’étendre et de renforcer leur main-mise sur les gisements pétroliers, de forcer les intérêts qui les contrôlent à poursuivre leur exploitation et de bloquer l’augmentation du prix du baril. Car, «pour rebondir, l’économie mondiale […] a besoin d’un prix du pétrole beaucoup plus bas, autour de 15-20 dollars le baril» au lieu des 25 actuels (Le Monde 29.9.2001).


De plus, le prétexte de la lutte antiterroriste permet aux USA de justifier une intervention militaire qui leur permettrait, si ce n’est d’instaurer leur présence militaire permanente en Afghanistan, du moins d’y implanter de nouvelles bases opérationnelles dans cette région stratégiquement déterminante, parce que, située au point de convergence virtuel des oléoducs. La protection de l’économie contre un «risque pétrolier» «dépend pour une grande part de la riposte qui sera organisée par rapport à ces attentats horribles», affirmait sans détours Laurent Fabius, ministre français des finances, en commentant le budget 2002 (Le Monde, 20.9.2001).


Eviter le sevrage


Le capitalisme est en manque de pétrole, non pas qu’il ne soit plus fourni, mais il sait que la douloureuse échéance de son sevrage forcé approche à grand pas: «le nombre réel d’années […] de réserve serait en diminution ce qui laisse présager une production en baisse à partir de 2010» (L’énergie dans le monde: bilan et perspectives, J.-L. Bobin et al., EDP-sciences 2001, p. 16).

Les maîtres du monde ne sont nullement effrayés par l’insoutenable souffrance de millions d’êtres humains. De nouvelles actions terroristes les inquiètent certes, l’actualité d’un krach rampant les préoccupe, mais la crise du pétrole les panique.


C’est que le système capitaliste a édifié pour son profit un appareil de production fondé sur le pillage jusqu’à épuisement des ressources les plus précieuses de la nature. Il est à nouveau prêt à commettre les pires horreurs pour conserver les fondements de son pouvoir… serons-nous capables de l’en empêcher?



L’ENJEU DU PETROLE


Parmi ces ressources qu’ils considèrent vitales pour leurs intérêts, les Etats-Unis ont toujours mis le contrôle du pétrole au premier plan. Dans le cadre de la pensée géopolitique américaine, le contrôle des «ressources vitales» et le renforcement des Etats-Unis en tant que seule puissance mondiale (global power) vont de pair. […] Toute l’histoire du vingtième siècle atteste que les Etats-Unis considèrent qu’avec le pétrole, ce sont leurs intérêts stratégiques et pas seulement économiques qui sont en cause. […] La guerre contre l’Irak fut l’occasion de tester ce que signifie le droit d’intervenir en cas d’«interruption des approvisionnements en ressources vitales» proclamé depuis par l’OTAN. La guerre contre la Serbie menée au printemps 1999 doit être également placée dans un large contexte stratégique. […] La disparition de l’URSS offre une opportunité exceptionnelle de consolider la position des Etats-Unis en Eurasie, une région d’une exceptionnelle richesse en pétrole dont les Etats-Unis avaient toujours été exclus.


Claude Serfati


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