Tunnel du Mont-Blanc, interdire l'accès au camoins

Tunnel du Mont-Blanc


Interdire l’accès des camions


Le dramatique incendie du tunnel du Mont-Blanc survenu le 24 mars 1999, où 39 personnes ont péri, a mis en lumière tout à la fois les défaillances de la sécurité dans cet ouvrage, les pratiques douteuses de la haute administration et les risques inhérents au tout-routier.

Bernard Némoz*

Même si le risque zéro n’existe pas, la plupart des grandes catastrophes peuvent être évitées. Concernant le tunnel du Mont-Blanc, la LCR a dénoncé à plusieurs reprises l’écrasante responsabilité des deux sociétés exploitantes, française et italienne. Les investissements concernant les mises aux normes de sécurité du tunnel n’ont jamais été à la hauteur des recommandations des sapeurs-pompiers et des nécessités réglementaires. Seul, par exemple, le percement d’un second tube permettant l’évacuation des victimes est conforme à la sécurité. La société d’exploitation française avait pourtant un bénéfice de 40 à 70 millions de francs et cela, pendant des années.


Concertation et démocratie…


On a voulu faire croire que les quatre réunions publiques décidées par le ministre des Transports, qui ont eu lieu du 24 au 27 septembre, correspondaient à une véritable concertation, alors que ce n’est un secret pour personne que Gayssot a déjà décidé la réouverture du tunnel. Sinon, pourquoi avoir refusé toute enquête publique, toute étude d’impact comme le préconise la réglementation? Tous nos politiques parlent de démocratie de proximité. Alors, pourquoi le préfet de Haute-Savoie, représentant du gouvernement français, assigne-t-il en justice les maires de Chamonix, des Houches et de Servoz, lorsque ces derniers consultent par référendum la population sur le retour des camions dans la vallée?


Toujours est-il que si les réunions d’Annecy, Chambéry et Saint-Jean-de-Maurienne se sont déroulées courtoisement entre le public et les autorités de l’Etat, cela n’a pas été le cas dans la vallée de Chamonix. Aux Houches, 400 personnes étaient au rendez-vous, décidées à ne pas se laisser endormir par le discours lénifiant des représentants du ministère des Transports. Elles ont fait savoir avec ardeur qu’elles feraient respecter leur décision exprimée à plus de 97% (avec 53% de participation) de refuser le retour des camions dans le tunnel du Mont-Blanc. Les deux associations – ARSMB (Association pour le respect du site du Mont-Blanc), ABS (Association du bassin de Servoz) -, fers de lance de la lutte, ont rappelé aux autorités leur détermination pour que les exigences du profit soient battues en brèche. Pour elles, cela doit se traduire par la priorité au rail, la réorganisation du trafic pour éviter tout transport inutile de marchandises, l’interdiction de l’accès des camions au tunnel du Mont-Blanc, l’interdiction de la traversée de tous les massifs montagneux par les camions.


Le soutien de la LCR


Hormis les élus locaux (abandonnés par leurs appareils), seules deux organisations politiques se sont exprimées: le PCF, hué par la population, a essayé en vain de faire comprendre pourquoi il soutenait le camarade Gayssot; la LCR, applaudie de nombreuses fois par la salle, a apporté son soutien total à la poursuite de la lutte de la population, des associations et des élus locaux, visant à empêcher le retour des camions, et a appelé à participer massivement samedi 6 octobre à la manifestation de Saint-Michel-de-Maurienne, organisée par de nombreuses associations de protection de l’environnement et des organisations syndicales comme la Confédération paysanne et SUD-Rail pour dire: «Non au tout-camion! Maurienne, vallée d’Aspe, Mont-Blanc: même combat!»


La LCR a également mis en garde le gouvernement sur l’utilisation de la répression contre la population en lutte. C’est tard dans la soirée que les représentants de la LCR ont quitté Les Houches après avoir été chaleureusement remerciés par les militants des associations et certains élus locaux.


* Membre de la LCR 74




Les acolytes unanimes en prennent pour 10 ans !


Le 5 octobre, veille de la manif à St-Michel de Maurienne, à laquelle appellait l’ATE au départ de Genève, le Grand Conseil débattait du Tunnel du Mt-Blanc (dont Genève est actionnaire) et du transfert route-rail. Il était saisi d’une motion, fort amendée en commission pour permettre un vote censément unanime. Una-nimité donnée par le porte-parole du PS, comme plus importante – par sa force symbolique! – que le contenu de la motion, dont on convenait qu’il était discutable. Qu’on en juge: l’une des invites demandait à l’Exécutif genevois de travailler «afin que d’ici 10 ans, le trafic des poids lourds soit interdit dans le tunnel sous le Mont Blanc, sous réserve du trafic local.»


Au nom de l’ADG, le soussigné est intervenu – comme un chien dans un jeu de quilles – pour dire que notre groupe ne pouvait soutenir à la fois la manif du lendemain et un texte laissant la porte ouverte à 10 ans de trafic poids lourd par le tunnel. La porte-parole des Verts a certes tenté une distinction subtile entre la position – ferme – de son parti, et celle de ses élu-e-s – en tant que tels – mais l’ADG a refusé de voter la motion, cassant une belle unanimité, à laquelle chacun-e avait pourtant tant sacrifié! (pv)