Une poudrière royale


Une poudrière royale


Sébastien Mélis, Christophe Mathieu*

Une poudrerie royale au XIXe puis un pôle chimique au sud de notre ville de Toulouse, voilà pour le côté historique. Pour y travailler? Rien de plus simple: on y est embauché de père en fils, de cousin en tantine et de neveu en grand-père. Le patron paye les salaires et les syndicats ouvriers gèrent le personnel…


Il est vrai que quand nous avons construit l’usine dans les années 1920 il n’y avait qu’un hôpital psychiatrique au calme au XIXe et loin de toute population. Alors, que s’est-il produit le 21 septembre 2001 à 10h17? Je vous avoue que cela n’est pas très important.


En dehors de l’explosion, des 29 morts, des plus de 3000 blessés, des 25’000 logements touchés, des deux lycées détruits, des quelques écoles, et collèges anéantis, des 1200 entreprises soufflées et des deux hôpitaux qui n ont pas été épargnés, comme des 6000 sans abris…


Par contre, les dommages collatéraux sont importants, je pourrais ajouter à cette liste: les syndicats C.G.T et F.O. Il est tout à fait détestable de voir ces organisations réclamer la reconstruction du site et son redémarrage le lendemain même de l’explosion. C’est la même revendication que la direction de TotalFinaElf.


Comme je suis idiot et non chimiste, les spécialistes affirment: «l’explosion est impossible naturellement avec ce produit» on me le répète tous les jours, toutes les nuits et comme je suis vraiment un crétin de ne plus vouloir vivre près de ces bombes chimiques, on m’explique: «il se pourrait que cela soit un missile lancé d’une tour des quartiers à majorité maghrébine». Je suis sceptique et comme on pense que je suis lunatique alors on m’affirme que c’est une météorite, mais un rictus me trahit.


Un spécialiste de l’aéronautique annonce: «un avion a perdu un bout de ferraille». Je reste incrédule. Alors un témoin sous le coup de la confidence et pensant que je suis téléphage me raconte le terrible attentat toulousain provoqué par un avion suicide. Mais étant cinéphile et non téléphage je rejette cette hypothèse.


L’individu me prenant à part et voyant que l’on pouvait me faire confiance délivre son terrible secret: «c’est un kamikaze pédestre qui nous a fait sauter», il est bien sûr d’origine tunisienne mais français comme l’écrit le Figaro. Il est islamiste, d’un groupe d’Afghans (de la région) il est revêtu de plusieurs sous-vêtements, il pratique l’islam dans des mosquées intégristes, il est recherché par Interpol et il est mort dans l’attentat.


Bref c’est Ben Laden à lui tout seul. Et on m’explique que l’on va aller dans les quartiers les déloger. Mais à cette heure-ci c’est déjà fait. AZF, la CGT et FO se sont déjà occupés de les déloger puisque nous les avions concentrés près de ce pôle chimique, loin du centre ville et des hôtels particuliers.


Il est vrai qu’une multinationale responsable de la politique de la ville a des méthodes expéditives et efficaces. Depuis le 21 septembre, quelle tranquillité! Il est tout à fait intéressant de voir ces personnes bien logées et pensantes s’intéresser tout à coup au sort de 20 ans de non-intégration, de rejet dans des ghettos de minorités qui vont devenir majoritaires et voir surgir des années de refoulement et de frustration de part et d’autre. Il a fallu attendre plusieurs jours pour voir les autorités tenter d’arrêter ces rumeurs détestables. Mais, reste-t-il seulement une autorité et qui la respecte? Nous sommes tous atteins et bien malades mais à Toulouse il sera bien difficile de guérir, l’hôpital psychiatrique est détruit.


* Deux toulousains en colère