Les femmes ont besoin de solidarité

Les femmes ont besoin de solidarité


Solidarité Femmes ouvrira, au début de l’année si tout va bien, un centre de jour pour les
femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants. Aux Eaux-Vives, ce nouveau lieu et
une équipe élargie sera en mesure de répondre aux attentes des femmes, encore trop
nombreuses, qui cherchent de l’aide.


Elisabeth Rod-Grangé*


Le budget cantonal 2002 qui sera
soumis au vote du Grand Conseil à la
mi-décembre prévoit le financement
de la création par Solidarité Femmes
d’un nouveau centre pour les femmes
victimes de violence conjugale et
leurs enfants. Ils y trouveront un accueil
et des prestations personnalisées
ainsi qu’une offre d’activités de groupe.


Le projet repose sur le constat largement
partagé que l’une des caractéristiques
de la violence conjugale est
l’isolement et la dissolution des liens
sociaux, pour l’ensemble de la famille
comme pour chacun de ses membres
pris individuellement. Ce repli a certes
pour effet de dissimuler la situation
de violence mais aussi d’amplifier
le phénomène. Le groupe familial
fonctionne de plus en
plus en vase clos et,
par une sorte d’autoexclusion,
renforce
son isolement, s’interdisant
le recours
aux ressources qu’un
réseau social – aussi
bien familial ou amical,
que professionnel
ou institutionnel
– pourrait proposer.
C’est ce levier du
lien social qu’il
s’agit de mettre en
œuvre pour donner
aux victimes les forces
et les moyens de
trouver des issues à
leur situation.


Les enfants
aussi…


Concrètement,
l’objectif est d’augmenter
la capacité de
consultation (qui
passera progressivement
des 24 actuelles à 32, voire 40
par semaine) et d’ouvrir l’accès aux
prestations jusqu’ici réservées au cadre
de l’hébergement: le suivi psychosocial
individuel proposé aujourd’hui
aux consultantes sera assorti d’un
choix d’activités collectives et de rencontres
pour elles et leurs enfants.
Une prise en charge appropriée, visant
au respect et à la répartition des rôles
respectifs de mère et d’enfant sera à
même d’apporter une aide pertinente
aux unes aux autres. Les enfants ne
sont en effet jamais épargnés par la
violence qu’ils côtoient. Ils ne comprennent
pas, se croient responsables
de leurs parents, protégeant l’un de
ses actes, l’autre des coups. Mais ils
restent aussi totalement démunis face
à leur propre avenir, toujours incertains
des événements qui peuvent survenir
et de ce qui va leur arriver. C’est
donc à eux aussi que ce centre est amplement
destiné.


Depuis plus de 20 ans, Solidarité
Femmes Genève écoute, accueille et
héberge des femmes victimes de violence
conjugale. Au fil des années,
l’association a affiné son approche et
développé une aide très spécifique,
non seulement à l’intention des victimes
mais aussi de leurs enfants. C’est
d’ailleurs la seule institution genevoise
qui offre une telle spécialisation.
Elle reçoit actuellement environ 300
femmes par année en consultation,
dont une quarantaine peuvent bénéficier
d’un hébergement, le plus souvent
avec leurs enfants.


Avec la reconnaissance générale de
la violence conjugale comme un
phénomène identifié et largement
réprouvé, les victimes se sentent de
plus en plus autorisées à parler et à
demander de l’aide. Il est donc
essentiel de répondre à leurs attentes
de manière adéquate et de les
accompagner sur la durée pour
qu’elles puissent se consolider et se
réinsérer dans le tissu social, y trouver
ou y reprendre une place digne et
responsable.


* Coordinatrice de Solidarité Femmes