Jacques-Simon Eggly: P26 & Co à la présidence de la Constituante genevoise

Jacques-Simon Eggly: P26 & Co à la présidence de la Constituante genevoise

« Tout au long de sa
carrière politique, il s’est distingué par un
engagement sans faille et une approche consensuelle dans le traitement
des dossiers les plus difficiles.»

C’est en ces termes que le Parti libéral genevois
fanfaronne : son poulain Jacques-Simon Eggly, ancien
président du parti suisse, ancien député au Grand
Conseil genevois, ancien conseiller national et actuellement
président de l’Organisation des Suisses à
l’étranger, a en effet été élu
à l’une des présidences de la Constituante
genevoise.

    Le communiqué ne mentionne pas de quels
« dossiers difficiles » il
s’agit ! Emettons une hypothèse: ne serait-ce pas
ceux des armées secrètes P-26 et P-27 ? En effet,
cette élection est peut-être une victoire du parti
libéral, mais c’est aussi un sale coup porté contre
la démocratie ! Car un pan des activités obscures
et anticonstitutionnelles de Jacques-Simon Eggly avaient
été mise au jour lors de la découverte des
armées secrètes P-26 et P 27, dans la foulée de
l’affaire des fiches, au début des années 90.

Terrorisme larvé et détournement de fonds

Quel était le but de cette
armée secrète ? Selon le rapport de la commission
d’enquête parlementaire « CEP
II », elle devait intervenir en cas de modification
profonde des institutions helvétiques, même si ce
changement s’effectuait de manière démocratique.
Bref, instaurer un régime de terreur pour protéger les
intérêts d’une petite minorité de
millionnaires et de notables !

    Fondée dans les années 80 par le
Conseiller fédéral et «historien»
Georges-André Chevallaz, elle était bien
préparée pour cela, et devait compter au moins 400
cadres. A sa tête le fameux « Rico »,
Effrem Cattlan. Elle bénéficiait de caches d’armes,
procédait à des manœuvres, y compris avec de
l’aviation, etc. Les membres de cette armée secrète
ont détourné des millions des caisses de la
Confédération pour se livrer à leurs exercices.
Ces braves nationalistes avaient lié leur organisation
criminelle au réseau de l’OTAN « stay
behind ». L’un de ses chefs avait notamment
acheté une demeure en Irlande afin de mettre à
l’abri le Conseil fédéral en cas de coup dur, des
accords étaient aussi prévus avec le Canada !

    La commission d’enquête parlementaire ne
fournira que des données ô combien lacunaires, car les
membres de ces armées secrètes détruisirent tant
les listes de noms que les comptes et les plans opérationnels.
L’un des chefs de la P-26, Herbert Alboth, est assassiné
dans son appartement à Liebefeld près de Berne le 18
avril 1990. L’armée secrète avait établi une
liste des personnes à emprisonner. Des mesures que l’on a
déjà vues mises en œuvre par de nombreuses
dictatures.

Dangers publics

Les membres de cette armée
secrète étaient dangereux, et le sont toujours, car aucun
d’entre eux n’a été condamné, tant
pour leurs menées contre la démocratie que pour les
détournements de fonds, ce qui aurait du être le cas dans
une démocratie, mais impossible dans une
« démocrature ». Car
jusqu’à preuve du contraire, il est interdit
d’organiser une armée secrète munie d’armes
de guerres, d’explosifs, etc. et qui plus est en
détournant l’argent de la
Confédération !

    Si vous souhaitez en savoir d’avantage,
consultez le rapport du juge Cornu… dans 10 ans. Car il est
interdit de consultation pendant 30 ans après sa
publication ! A moins qu’une
« glasnost » (transparence) ne se produise
dans notre pays comme en URSS ! Peut-être qu’avec
une nouvelle Constitution !?

Appui à l’Apartheid

Les activités occultes de
Jacques-Simon Eggly n’ont semble-t-il pas débuté
avec l’armée secrète P-26. On le retrouve au front
dès les années 80 pour mener campagne contre les
mouvements anti-apartheid qui luttaient contre le régime raciste
de Pretoria : « Les milieux qui préconisaient des
relations amicales avec l’Afrique du Sud blanche avaient leur
centre de gravité à Zurich. Au Parlement, leur position
se répartissait sur de nombreuses épaules; il va de soi
que MM. Blocher, Schlüer et Eisenring intervenaient aussi dans le
même sens, tandis que l’on observait une présence
particulièrement marquée de Jacques-Simon Eggly et de
Geneviève Aubry; lui en tant que président de l’ASA
(Association Suisse Afrique du Sud) dès 1992, elle en
qualité de membre du comité de patronage de
l’asa.» (Georg Kreis – La Suisse et l’Afrique du Sud
1948-1994,  p.135).
    En 1999, une nouvelle armée secrète
est démasquée. Dino Bellasi, cadre à
l’armée, organise un ou plusieurs dépôts
d’armes, détourne des millions de la
Confédération grâce à des
complicités, etc. Le chef des services de renseignements de
l’armée suisse Peter Regli est mis en cause. Un individu
dont les activités en lien avec les services secrets
sud-africains seront mis à jour. Ces derniers étaient en
effet très intéressés à connaître
l’organisation des militants anti-apartheid en Suisse.

…et la Contra en prime

On retrouve encore Jacques-Simon Eggly au… Nicaragua, un voyage
payé par des industriels (!) selon ses dires.
C’était au temps où Ronald Reagan cherchait
à renverser le gouvernement sandiniste par le biais des
terroristes de la Contra, armés et financés par le
gouvernement des USA. C’était la guerre froide, et la
propagande américaine battait son plein. Plusieurs Suisses, et
des dizaines de milliers de Nicaraguayen·ne·s furent
assassinés par la Contra. Le voyage de Jacques-Simon Eggly eu
lieu peu de temps après l’assassinat du brigadiste suisse
Maurice Demierre. Afin de brouiller les pistes, ce dernier
émettait de nombreux doutes face à
l’évidence…ce pouvait être, selon lui, des
groupes incontrôlés qui l’auraient abattu avec
quelques paysannes ! Récemment encore, dans le journal Le
Temps du 13 janvier, il justifiait les massacres de
l’armée israélienne en vertu du droit à la
« légitime défense » de
l’Etat sioniste !

    Les activités de Jacques-Simon Eggly en lien
avec la P-26 n’ont jamais été
éclaircies : quel était son rôle au sein de
cette armée secrète, tout au plus a-t-il confessé
qu’il était chargé de sa liaison avec le parlement
au sein d’un groupe parlementaire qui réunissait tous les
partis gouvernementaux (PS y compris). Ces révélations
n’ont pas empêché une brillante carrière
politique, liée probablement à son activité
occulte ! 7

Daniel Künzi