Affiches racistes ? Stop !
Affiches racistes ? Stop !
Un premier pas très positif.
Des villes, des entreprises de transports ont déjà
interdit laffiche du comité anti-minarets.
Le Comité dinitiative « contre la
construction de minarets » vient dentamer sa
campagne en dévoilant son argumentaire : son affiche, une
sorte de veuve noire guette au centre dune Suisse
pilonnée de minarets, quadrillée par la toile
quils forment avec leurs ombres.
Laffaire est claire, il faut combattre ces
politiciens qui désignent des boucs émissaires et
détournent vers la haine raciale la peur et la colère
face à la précarité quont nourries les
politiques antisociales des grands patrons de lUDC et des autres
partis bourgeois.
Le canton de Genève puis le Conseil
fédéral viennent de répéter que cette
initiative doit être battue. Au cours des années 1970 et
1980, la société toute entière se mobilisait
contre la xénophobie. Une telle volonté doit rejeter
fermement le racisme islamophobe comme toute autre forme du racisme.
Majoritairement composé de membres de
lUDC, le « comité
anti-minarets » sinspirant de sa communication
publicitaire, a lancé sa campagne avec un scandale. Après
les mains rapaces, les moutons noirs, les corbeaux charognards, les
slogans homophobes, impunément placardés à tous
les coins de rue, il suscite enfin la réaction que
préconisent les organes de surveillance des droits de
lhomme.
Les acteurs de la lutte contre le racisme, comme ces
organes internationaux, dénoncent depuis des années les
campagnes de votation racistes et xénophobes qui visent des
étrangers, des musulmans et dautres minorités. Ils
invitent depuis 1998 la Suisse à changer sa politique à
cet égard.
Que la norme pénale contre le racisme la
réprime ou non, la Commission fédérale contre le
racisme (CFR) juge que cette image viole les obligations de
non-discrimination et de prévention quexige le droit
suisse. La CFR recommande son interdiction.
De nombreuses villes et entreprises ont
déjà suivi sa recommandation et leur engagement a
suscité des oppositions.
Pourquoi ne peut-on pas tolérer ces affiches ?
Refuser le racisme ne procède pas de dispositions légales
quil est loisible dadopter ou dappliquer. Comme
les luttes contre toutes les formes de discrimination ou pour la
reconnaissance de lensemble des droits humains, ce refus est une
condition élémentaire du respect de la démocratie.
Il faut toutefois examiner sérieusement les arguments des
adversaires de linterdiction.
Aucun tribunal nen a condamné les auteurs, laffiche devrait donc être permise.
Etrange argutie. Le racisme serait-il permis si personne nest puni ?
Les autorités ayant accepté linitiative, sa propagande devrait être libre.
Etrange ignorance. Les autorités ont décidé le
vote de linitiative mais nont pas permis la propagande
raciste. Elles se sont clairement opposées à
linterdiction de construire des minarets.
Cette affiche nest pas raciste.
Le racisme réduit des personnes à lappartenance
à des « races », religions,
nationalités, genres, classes ou statuts. Leur apparence, leurs
croyances, leurs culture, leurs psychologie ou leurs comportements
permettraient de les discriminer car ils seraient dangereux.
Laffiche anti-minarets procède précisément
de la sorte.
Elle est simplement laïque.
Pourquoi en ce cas sen prendre aux seuls musulmans ?
Selon le Coran, le minaret ne serait pas nécessaire au culte musulman
Plus royaliste que le roi ! Au nom de quoi linitiative
revendique-t-elle le pouvoir de décider à leur place ce
qui est juste pour les musulmans et ce qui ne lest pas ?
Linterdiction de laffiche menace la liberté dexpression.
La belle blague ! Que dit cette affiche ?
« Stop » et
« Oui ». A quoi ? Pourquoi ?
Rien, pas un mot ! Elle manipule par limage des fantasmes
et des peurs fondés sur la haine et le mépris.
Selon certains, selon la Ville de Genève par exemple,
interdire laffiche des initiants leur ferait de la
publicité, leur donnerait le rôle de victimes.
Leur publicité sera-t-elle diminuée lorsque les initiants
auront couvert Genève de leurs affiches racistes ? De ces
affiches qui présentent les Suisses comme des victimes de
lislam ? Lhésitation à les combattre
va-t-elle les démentir ? Quelle défense
apporte-t-elle aux vraies victimes, à Genève et partout
dans le monde, qui subiront laffiche de lUDC ?
Deux poids, deux mesures ? Pourquoi une telle discrimination ?
Cette affiche est antérieure à la Shoah. Elle date
dune époque où lantisémitisme
quelle exprime était largement toléré sinon
partagé en Suisse et dans le monde. Imagine-t-on une seule ville
la permettre aujourdhui ? Non, et heureusement. Mais
pourquoi ? Cette différence de traitement
nappelle-t-elle pas un débat de fond ?
Des blogs inquiétants
A juste titre, plusieurs médias ont ouvert leurs colonnes à la discussion autour de laffiche anti-minarets.
Elle a sa place dans leurs colonnes et il est bon que leurs lectrices
et lecteurs puissent la voir et sintéresser au
débat quelle suscite.
Ils ont aussi ouvert leurs blogs à leurs
lecteurs et les réactions sont inquiétantes. La
majorité des intervenants paraissent convaincus que
« cette affiche est géniale parce quon a le
droit de vouloir préserver notre Suisse telle quelle doit
être »; « parce quil serait plus
facile dinterdire que douvrir les yeux »;
« parce que laffiche refléterait le danger
dislamisation qui menacerait lEurope et la
démocratie »; « parce quon ne
sera plus chez nous et quon aura lair con avec nos
copines voilées »; « parce que
laffiche ne serait pas choquante mais montrerait une
réalité suisse »
Ces propos le montrent. Une campagne déterminée et
constante est nécessaire. Eglises, partis, syndicats, tous
doivent dénoncer laffiche anti-minarets. Les racistes
doivent enfin faire marche arrière ! Leur ignoble affiche
ne doit être collée nulle part !
Karl Grünberg
ACOR SOS Rascisme