Exposition CSIAS sur l'aide sociale: un regard neuf et décomplexé

Exposition CSIAS sur l’aide sociale: un regard neuf et décomplexé

A l’occasion de
l’année européenne 2010 de lutte contre la
pauvreté et l’exclusion sociale, la Conférence
suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) a mis sur pied
une exposition itinérante dédiée à la
pauvreté et à l’aide sociale en Suisse et
baptisée Si jamais. Après avoir sillonné une
dizaine de villes de Suisse alémanique, l’exposition,
entièrement traduite en français, commence sa
tournée francophone dans la ville bilingue de Bienne.



Le visiteur·trice qui sort de la gare de Bienne en prenant la
direction Place Robert Walser ne manquera pas d’être
attiré par une série de chiffres et faits orange vif
à même le sol : « 1/5 des
ménages soutenus par l’aide sociale sont des familles
monoparentales (OFS 2007), 3.1 % de la population suisse
bénéficient de l’aide sociale (OFS 2007) ou encore
170 000 enfants grandissent dans des ménages de
« working poor » (OFS 2006) ».
Puis d’autres objets attirent l’attention à quelques
pas de là, notamment deux caddies peints en orange vif,
décidément couleur phare de l’exposition Si jamais.
Placés à l’entrée d’un grand Centre
Coop, ces caddies contiennent quelques maigres produits, avec à
chaque fois une explication : « 12.- francs par
jour, c’est le montant dont dispose une personne seule pour
acheter la nourriture ». Pour une famille de 4 personnes,
ce montant s’élève à 26.-.

    L’exposition contient des objets à
l’extérieur, car elle veut être au cœur de la
cité, sur les places, là où la population peut se
laisser rencontrer et interpeller. Elle ne veut pas être
discrète, comme la pauvreté qui a l’habitude de se
cacher en Suisse, mais sa couleur criarde invite à jeter un
regard neuf et décomplexé sur une réalité
qui touche de plus en plus de personnes. Toutefois, si l’on veut
en savoir davantage sur l’aide sociale dans notre pays, on peut
aussi se rendre à l’intérieur d’un
bâtiment tout proche. Là, il est possible
d’écouter des témoignages de personnes à
l’aide sociale, de connaître le point de vue
d’acteur·trice·s du milieu social ou encore de
calculer ses dépenses, à l’aide d’un jeu
informatique, pour voir si l’on serait capable de vivre avec le
montant forfaitaire alloué par l’aide sociale. Des
caissettes contiennent un journal de type « 20
Minutes » consacré spécialement à la
pauvreté et aux moyens de la combattre. Il présente aussi
la manière dont l’aide sociale est conçue en
Suisse, puisqu’à ce jour, notre pays ne dispose pas
d’une loi fédérale sur l’aide sociale, mais
que ce domaine relève de la compétence des cantons.

Débat sur l’aide sociale

Avec ses bases théoriques solides et sa présentation
résolument moderne et diversifiée, l’exposition Si
jamais veut contribuer de manière constructive au débat
sur l’aide sociale, loin des émois causés par les
situations d’abus si vite montées en épingle mais
pas toujours aussi fondées qu’il ne paraissait à
première vue. En donnant la parole aux personnes
concernées – des personnes qui aimeraient bien vivre
normalement, sans avoir à recourir à l’aide
sociale – l’exposition apporte définitivement
un nouvel éclairage sur cette aide sociale et ses
bénéficiaires tant décriés.

Renseignements sous www.si-jamais.ch.


Marianne Clottu Balegamire*
* paru dans « Moitié », Service
de média indépendant en matière de travail et de
chômage,
le 22 août 2010.