Tour d’horizon de l’édition alternative

Tour d’horizon de l’édition alternative

Au terme du deuxième et dernier mandat présidentiel de
Lula et à la veille des élections brésiliennes, un
petit voyage vers le Brésil deséditions Syllepse pourrait
bien s’imposer…

Laurent Delcourt
Le Brésil de Lula. Un bilan contrasté
(coord.), Paris, 2010, 174 pages.

Les commentateurs ne manquent pas de souligner les acquis du
« lulisme » : une santé
économique impressionnante, des indices de développement
humain en hausse, un pays-continent promu au rang d’acteur global
incontournable.  Pour autant, ces succès ne doivent pas
masquer les renoncements par rapport au projet populaire incarné
historiquement par le Parti des travailleurs. Cette dynamique
« possibiliste », faite de
continuités, de compromis et d’inflexions davantage que de
ruptures, manifeste l’étroitesse du champ d’action
politique qui caractérise le système institutionnel
brésilien.

Martine Hassoun
Porto Alegre. Voyage en alternative
Paris, 2001, 128 pages.

« Comment caractériser l’expérience
que nous menons depuis plus de douze ans à Porto Alegre et
maintenant à l’échelle de tout l’État
du Rio Grande do Sul ? Nous n’avons pas fait la
révolution, non que nous n’espérions la
faire ! Je dirais que nous avons fait la démonstration
qu’il est possible de transformer radicalement la conception de
l’administration du pays. Qu’il est possible
d’inventer une alternative à la démocratie
formelle. Nous n’avons pas répondu à tous les
problèmes que pose le système capitaliste, nous avons
montré qu’il est possible de créer un espace
véritablement démocratique. […] Nous avons
simplement expérimenté une méthode critique du
système représentatif et nous avons fait la preuve que ce
ne sont pas seulement les présidents, les maires, les employeurs
qui peuvent construire et diriger, mais que la population aussi est
capable de s’inventer une histoire. » (Raul Pont,
ancien maire de Porto Alegre).

Estelle Granet
Porto Alegre, les voix de la démocratie
(coord.), Paris, 2003, 170 pages.

L’ONG Solidariedade qui regroupe des conseillers et des
délégués du budget participatif de Porto Alegre
est à l’initiative de ce livre. Les textes et les
témoignages sont le fruit de débats collectifs et ont
été mis en forme par Estelle Granet qui a
séjourné à Porto Alegre à
l’invitation de Solidariedade. Un reportage photographique de
Jacques Windenberger donne des visages aux paroles des acteurs de ce
livre.

Revue Agone
n° 43, Marseille, 2010
« Comment le genre trouble la classe »

Il est rare que l’épouse soit la seule femme qui
réalise, « hors marché », le
travail domestique au sens large : bonnes et prostituées,
pour ne citer qu’elles, souvent migrantes, interviennent
également, contre une rémunération plus ou moins
sonnante et trébuchante. Cela implique-t-il pour autant que la
classe des femmes n’existe pas, parce que les antagonismes entre
« Madames » et migrantes sans papiers
l’auraient fait voler en éclats ? Ce serait aussi
simpliste que de penser que le prolétariat est un concept
dépassé parce qu’on trouve en son sein des
contremaîtres. La classe des femmes existe dans la mesure
où existe une très nette division sexuelle du travail,
qui exige des unes qu’elles réalisent le travail de
reproduction sociale et qui en exempte les membres de la classe des
hommes.