LHOM : un non sans appel

LHOM : un non sans appel



La campagne contre la nouvelle Loi sur
les horaires d’ouverture des magasins (LHOM) a été
gagnée par un large front syndical et politique, soutenu par un
collectif jeune, avec une participation active du personnel de vente.
C’est une gifle pour la droite et le patronat des grandes
surfaces.

Rappelons qu’il s’agissait de prolonger les ouvertures des
commerces d’une heure tous les jours (de 19 h à
20 h en semaine; de 18 h à 19 h le samedi
et quatre dimanches par an). Les organisations patronales avaient
décidé de passer en force, sans concession significative
aux syndicats. Ils ont perdu sur un score tranché de
56,1 % contre 43,9 %.

Campagne unitaire imaginative

La campagne du NON avait été préparée
très tôt par une excellente brochure syndicale, qui aurait
mérité une diffusion plus large…
L’unité des organisations du personnel était
totale. De plus, elle a été appuyée par un
comité large, rassemblant l’ensemble des forces de gauche,
qui a su associer, sous des formes diverses, le personnel de vente et
de nombreux secteurs de la « société
civile ».

    La mobilisation a touché des groupes
féministes et écologistes, ainsi que divers milieux
(santé, enseignement, petit commerce, université,
églises, etc.), qui ont publié des dizaines de prises de
position. Des jeunes militant·e·s ont organisé une
fête de solidarité qui a réuni plus de 400
personnes et des actions originales ont été mises en
scène, dont deux tangos dans les rues basses et un
« repas familial » devant une Migros.

    La critique du consumérisme n’a pas
été négligée non plus, donnant un exemple
de mobilisation pour le climat et la justice sociale, mais aussi pour
une culture non marchande. Celle-ci a fait appel à la
solidarité des client·e·s des magasins, en leur
distribuant des dizaines de milliers de tracts et de cabas à
l’enseigne de la campagne. Des centaines de stands ont
été tenus, occupant la rue pendant des heures aux abords
des grandes surfaces.

Résultats détaillés

Les seuls arrondissements à accepter le projet patronal sont les
trois quartiers huppés de la ville (Cité-Rive,
Florissant-Malagnou et Champel) et les petites communes
résidentielles les plus riches de l’est du canton
(67 % de OUI à Cologny !). En revanche,
l’UDC et le Mouvement des citoyens genevois (droite populiste),
qui appelaient à voter OUI, se sont trouvés coupés
de leur électorat populaire des communes suburbaines, qui a
plébiscité le NON : Vernier (63,1 %), Onex
(61,3 %), Lancy (60,9 %) et Meyrin (60,5 %).

    Ceci montre que les salarié·e·s
et les retraité·e·s modestes peuvent se rassembler
autour d’objectifs sociaux unificateurs, même si une partie
d’entre eux, en particulier dans les communes suburbaines,
plébiscitent les thématiques sécuritaires et
racistes. Ce vote, comme celui sur l’initiative socialiste
« pour des impôts équitables »,
montre que c’est en défendant ensemble des
intérêts de classe que l’on peut commencer à
démasquer la droite populiste et à faire reculer les
divisions au sein des couches populaires ! Il faudra en tirer
toutes les leçons pour l’avenir.

    Le refus de l’extension des horaires
d’ouverture des magasins est un vote de solidarité des
actifs et des retraités, en particulier des femmes, avec les
travailleurs-euses de la vente, mal payés, soumis à des
contrats précaires et à des horaires flexibles. Mais
c’est aussi un vote de résistance à la
dégradation des conditions de travail de tous les
salarié·e·s. solidaritéS avait clairement
profilé sa campagne dans ces deux directions et ne peut que
s’en féliciter (cf. notre affiche ci-dessus).

Jean Batou



Extraits du communiqué du Comité unitaire contre la LHOM

La population n’a pas suivi l’argument de soi-disant
nécessités économiques des grands groupes face
à la concurrence française, alors que ces derniers,
à l’instar de Migros, ont réalisé pour
l’année dernière des bénéfices
à hauteur de plusieurs centaines de millions de francs.

    La Genève qui travaille ne veut pas davantage
d’heures pour faire les magasins, mais une protection accrue sur
ses lieux de travail et davantage de temps pour la vie sociale et
familiale. La Genève qui travaille ne souhaite pas passer son
temps libre dans les commerces, mais dans des lieux festifs et de
culture qui donnent du sens à la vie une fois la journée
de travail terminée.

    Le résultat genevois confirme la tendance
nationale au refus d’ouvertures prolongées des magasins.
Durant les cinq dernières années, neuf votations sur dix
ont été gagnées sur cet objet.

    Les associations patronales du secteur doivent
prendre acte de la volonté populaire de protéger
davantage les conditions de travail du personnel de vente et nous
attendons d’elles qu’elles maintiennent et
améliorent la Convention collective cadre en vigueur dans le
secteur.