JAFFA

JAFFA



Le cinéaste Eyal Sivan sera
présent en Suisse Romande le weekend du 2 et 3 avril pour
présenter et discuter de son film, « Jaffa :
la mécanique de l’orange ». A travers le
portrait de cette ville et de son histoire, c’est la colonisation
sioniste et ses aspects capitalistes qui sont dénoncés.

Eyal Sivan est né à Haïfa en 1964. Cinéaste,
producteur et essayiste, il a réalisé de nombreux films
et documentaires, dont plusieurs ont été primés
lors de festivals en particulier Route 181 : fragments
d’un voyage en Palestine-Israël et Jaffa : la
mécanique de l’orange. Opposant à la politique
menée par l’Etat d’Israël et antisioniste
convaincu, Eyal Sivan participe à la campagne internationale de
Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).

    Jaffa, l’une des plus anciennes villes du
monde, était aussi l’une des villes les plus
prospères et les plus peuplées de Palestine. Avec ses
orangeraies déployées à perte de vue, elle
fournissait du travail, depuis la cueillette du fruit
jusqu’à sa préparation pour l’exportation,
non seulement aux Palestiniens mais à des ouvriers venus
d’Egypte, de Syrie, du Liban. En 1948, plus de 4 000 bombes
tombent sur Jaffa. Sur les 85 000 Arabes qui y vivaient, il ne
va plus en rester que 3 000. Le gouvernement israélien confisque
les orangeraies et s’approprie l’orange de Jaffa, qui est
devenue le symbole des produits de la colonisation. En fait la rupture
est intervenue avec l’arrivée des kibboutzim… La
colonisation sera méthodique et rigoureuse, comme les documents
et images d’avant 1948 nous le démontrent. Dès
lors, l’orange va devenir un symbole de l’idéologie
sioniste. « L’Israël des oranges, c’est
un Israël sans Arabes », résume un historien. En
1948, Israël dépose la marque
« Jaffa ». Près de 5 millions de
caisses par an seront produites jusqu’en 1970. Les
investissements pour la publicité sont considérables :
« Jaffa est aux fruits ce que Coca-Cola est à la boisson
». En devenant une marque, la « Jaffa »
a effacé la ville de Jaffa, absorbée aujourd’hui
par Tel-Aviv.

    Pour nous raconter cette
« mécanique de l’orange » et le
recouvrement de Jaffa, Eyal Sivan met à l’écran une
foule d’images et de représentations et donne la parole
à de nombreux interlocuteurs palestiniens et israéliens,
historiens, écrivains, chercheurs, ouvriers… Un travail
remarquable autour d’un fonds d’archives, photographies,
peintures, vidéo, et de témoignages percutants. 

Ce texte est un extrait d’une présentation du film
rédigée par Marina Da Silva, cf. Blogs du Monde
Diplomatique