Non à l’école primaire le mercredi matin

Non à l’école primaire le mercredi matin

« La majorité des
acteurs sait que l’amélioration des résultats
scolaires passe par l’augmentation de la dotation
horaire », écrivait l’autre jour David
Haeberli dans la « Tribune de
Genève », plaidant, avec la majorité du
Grand Conseil, pour l’introduction de cours le mercredi matin
à l’école primaire

En réalité, peu de pédagogues pourraient souscrire
à un point de vue aussi réducteur, en particulier pour
les petits degrés. Bien des études montrent en effet que
la qualité de l’enseignement dépend beaucoup plus
du nombre d’élèves par classe que de la
durée de l’enseignement.

    Un argument apparemment plus convaincant assure
qu’il faut bien prendre en charge les petits enfants pendant que
leurs parents sont obligés de travailler. Ce serait toujours
mieux de les envoyer à l’école que de les
abandonner au gardiennage… de la télévision.
Pourtant, la grande majorité des familles arrive jusqu’ici
à s’organiser, l’un des parents, les grands-parents,
voire des voisin·e·s, garantissant une prise en charge
régulière qui permet d’aménager une
respiration salutaire pour les petits en milieu de semaine et de
développer des activités stimulantes entre
générations.

    Devrait-on garder à l’école les
enfants dont les familles ne peuvent pas s’occuper de leurs
enfants en fin d’après-midi ou le samedi matin ?
Poser la question, c’est y répondre. NON,
l’école n’est pas une consigne où l’on
dépose les enfants pendant les heures de travail, et qui doit
sans cesse adapter ses horaires aux exigences des milieux
économiques. L’école a bien plutôt pour
mission de transmettre dans les meilleures conditions les connaissances
de base qui fondent une culture commune. Au-delà de ces
apprentissages fondamentaux, le parascolaire devrait aussi être
fortement développé pour mettre le sport, la musique, le
dessein, la peinture, la photographie, la danse, et j’en passe,
à la portée du plus grand nombre.

    Dire NON à l’école primaire le
mercredi matin, c’est défendre une amélioration
qualitative de l’enseignement par la réduction des
effectifs des classes, mais c’est aussi refuser de transformer
l’école en annexe des entreprises, qui conçoivent
l’augmentation et la flexibilisation des horaires de travail
comme un avantage compétitif. Heureusement, l’école
n’obéit pas aux règles de rendement de
l’économie privée, et la croissance du chiffre
n’est pas pour elle un indicateur du succès. Une bonne
raison de signer le référendum annoncé par la
Société pédagogique genevoise.

Jean Batou



solidaritéS soutient le référendum…

Communiqué de presse du 27 mai 2011

Suite à l’acceptation du projet de loi sur l’horaire
scolaire, notre mouvement annonce qu’il s’impliquera
activement dans la récolte de signatures du
référendum que le syndicat des
enseignant·e·s (SPG) a décidé de lancer. En
effet, l’école genevoise subit des réformes en
continu depuis vingt ans sans que jamais les moyens nécessaires
soient accordés. Le corps enseignant est épuisé
par cette politique et les élèves en pâtissent.
Dans ce contexte défavorable, l’augmentation de
l’horaire de l’élève doit être
combattue.

Augmenter les moyens, pas l’horaire

Vouloir simplement dépasser les autres cantons en termes de
minutes et de jours d’enseignement ne relève pas
d’un projet crédible. Les élèves genevois
ont avant tout besoin de conditions d’enseignement de
qualité, propres à garantir et à accroître
le niveau de formation de toutes et tous.

Davantage de profs, moins d’élèves par classe

Lorsque l’on sait l’importance des premiers degrés
de l’école pour l’avenir des élèves et
le fait que l’école va devenir obligatoire à 4 ans,
il faut en priorité mettre des forces sur le cycle
élémentaire (4-7 ans), en octroyant par exemple 3 postes
d’enseignant·e·s pour 2 classes. La moyenne
d’élèves par classe doit aussi être
ramenée à 16 pour créer des conditions
d’enseignement acceptables.

L’horaire actuel satisfait parents et enseignant·e·s

Le 90 % du corps enseignant soutient l’horaire actuel. Le
mercredi de congé pour les élèves ne constitue pas
un problème pour la grande majorité des familles
(84 % ont au moins un parent disponible le mercredi –
source SRED) car elles se sont organisées en conséquence
et apprécient finalement cette modalité qui permet une
autre qualité de vie. Si l’horaire devait être
augmenté, les parents préfèrent logiquement
allonger la journée plutôt que le mercredi matin.

Une désinformation à combattre

Genève n’a pas moins d’heures d’enseignement
que les cantons de Neuchâtel ou du Jura. Pour comparer avec
Fribourg, il faudrait enlever les 100 minutes hebdomadaires de cours
religieux que dispense ce canton. L’harmonisation scolaire suisse
(HarmoS) n’impose aucune augmentation de l’horaire. Les
résultats genevois aux tests PISA (qui concernent les
élèves de 15 ans) sont comparativement et compte tenu des
caractéristiques du canton (plus forte proportion suisse de
non-natifs et de classes hétérogènes) tout
à fait honorables. Trop d’arguments erronés
faussent le débat. Certaines vérités doivent
être rétablies et le référendum doit y
contribuer, pour que le peuple puisse ensuite se prononcer en
connaissance de cause !

Listes référendaires téléchargeables sur www.solidarites-ge.ch