Europe

Europe : Les oligarques débarquent

Le 16 novembre, les marchés ayant tourné le dos à Berlusconi, Mario Monti, ancien commissaire à la concurrence de l’Union européenne, était nommé à la tête du gouvernement italien. Mario Monti est conseiller chez Goldman Sachs. Il y fait fonction d’« ouvreur de portes », chargé de pénétrer au cœur du pouvoir européen.

En temps de crise, quand les choses deviennent sérieuses, le vernis démocratique d’un certain nombre d’institutions s’écaille à grande vitesse. Des décisions de fond sont prises à l’écart de toute discussion publique, plus encore que par beau temps. Les plans économiques et financiers décidés par la troïka FMI, BCE et Commission européenne en donnent un exemple. L’arbitraire avec lequel opère le couple franco-allemand au niveau des institutions européennes en fournit un autre. Vous n’aimiez pas la dictature du prolétariat ? Voici la dictature des marchés avec, en tournée européenne, Merkozy — comme disent déjà les Espagnols — dans le rôle principal. Lorsque l’on est professeur à Sciences Po et que l’on accorde beaucoup d’importance aux idées, on l’exprime ainsi : « Cette conception très technique et très scientifique [sic] de l’économie vient en quelque sorte ruiner l’idée de souveraineté dans son essence démocratique. Elle libère l’acteur économique de toute contrainte politique, elle en fait un expert dont les choix doivent s’imposer par-delà même les exigences de la démocratie. Cette conception très contestable de l’économie dérive de la vieille idée de la primauté des marchés : elle est fortement contestable, mais surtout, elle s’impose de plus en plus dangereusement comme substitut à la démocratie et à la souveraineté. »(Bertrand Badie, clavardage, Le Monde, 23.11.11)

Daniel Süri