Quand le président du PSS sert la soupe aux xénophobes

Le président du Parti socialiste suisse Christian Levrat a commencé l’année 2012 en fanfare par une interview lamentable à la Sonntagszeitung, parue le premier janvier, dans laquelle il annonce avec emphase que son parti entend lancer une discussion « sans tabous » sur l’immigration et qu’il ne faut pas « laisser ce sujet à l’UDC ».

Pas une fois dans sa bouche on n’entend affirmer une volonté de défendre les droits des travailleurs·euses suisses et immigré·e·s, le principe de l’égalité des droits entre ceux-ci, le principe du combat – ensemble – pour le renforcement desdits droits. Le principe de la solidarité internationale et internationaliste entre travailleurs·euses

La logique de ce type de position est d’une simplicité aveuglante : on arrête de se battre pour des idées, des propositions, des principes… et on cherche ce qui « réunit une majorité », d’ores et déjà – ici et maintenant – avec les forces dominantes dans ce pays, qui sont au service des patrons et de leurs intérêts.

Affirmant que « si les mesures d’accompagnement pour la libre circulation des personnes fonctionnent à l’intérieur du pays, elles sont insuffisantes dans les régions frontalières comme Genève, le Tessin, l’Arc jurassien et Bâle » il réussit l’exploit de n’évoquer aucune autre « mesure d’accompagnement » que la limitation de la libre circulation des personnes et un « plafonnement précis si les cantons concernés le souhaitent ».

Ce sont en effet bien de ces cantons périphériques, soumis à des pressions sur les salaires particulièrement fortes et à un dumping salarial réel que sont parties, par exemple, les initiatives en faveur du droit à un salaire minimum. Mais si cette perspective d’un nouveau droit pour les travailleurs·euses est bien partie de ces régions c’est pour arriver, en un temps record, à gagner une majorité au sein du mouvement syndical à l’échelle nationale et à se transformer – pour le droit au salaire minimum – en une initiative nationale de l’Union syndicale suisse (USS) qui est sur le point d’aboutir et pour laquelle une bataille politique massive et intense devra être engagée.

A Genève encore par exemple, l’ensemble des syndicats se bat pour faire aboutir ces jours une initiative populaire cantonale en faveur d’un renforcement des contrôles sur les entreprises notoirement insuffisants contre le dumping salarial. Le nombre d’inspecteurs du travail préposés à cette tâche se comptent sur les doigts de deux mains et étant vingt fois moins nombreux que les agent·e·s chargés du contrôle des parkings par exemple.

La position de Christian Levrat est du même tonneau. Il convient de lui réserver le sort qu’elle mérite. 7

Pierre Vanek